Profs, heures supplémentaires : la grande confusion

par Boris Enet |  publié le 02/05/2024

L’école était priée de trouver quelques économies, comme l’ensemble de la fonction publique. Mais le gouvernement aura annoncé tout et son contraire…

Des sacs a dos et des cartables sous le prenom des eleves dans le couloir d'une école de ValencePhoto de Nicolas Guyonnet / Hans Lucas

Contrainte à une cure d’amaigrissement administrée par Bercy, l’école était priée de trouver quelques économies comme l’ensemble de la fonction publique. Tant pis pour « l’école, mère de toutes les batailles », selon la formule de l’actuel locataire de Matignon. Une annonce d’autant plus mal perçue à l’heure où les organisations syndicales de la SNCF parviennent encore à contourner la dernière législation adoptée sur les retraites avant d’appeler en Île de France à une nouvelle grève le 21 mai prochain.

Ces enveloppes d’HSE (Heures supplémentaires Effectives) sont utilisées pour des dispositifs pratiques comme « Devoirs faits » dans les collèges, mais pallient bien des services rendus (jurys d’examen blancs, sortis, projets hors temps scolaires, animation, journaux numériques, clubs…) en somme, tout ce qui fait de l’école un lieu de vie. Une bourde d’autant plus dommageable qu’elle intervient après une réforme des groupes de soutien en collège partiellement financée et surtout un arrêt sans sommation des dispositifs du pacte, intervenu il y a quinze jours.

Présentée comme un moyen d’améliorer des salaires peu attractifs, la possibilité de contracter un pacte ou d’en renouveler un (18 h pour des remplacements de courte durée par exemple) s’est interrompue jusqu’à la fin de l’année scolaire. Persévérer et s’en prendre en sus, à l’enveloppe d’HSE pour les établissements, ne témoigne ni d’une grande sérénité ni des sentiments partagés qui agitent le secteur. Voilà pour le fond. Et la forme ?

Apprendre par réseaux syndicaux ou voies de presse qu’une décision unilatérale supprime purement et simplement ces lignes budgétaires a été vécu comme un nouvel affront. Bruno Bobkiewicz, patron du SNPDEN affilié à l’UNSA, majoritaire parmi les chefs d’établissement et pas connu pour sa radicalité, n’avait de mots assez forts devant ce fait accompli d’une centaine de millions d’euros, conduisant finalement à un rétropédalage intervenu mercredi en fin d’après-midi. Tant mieux.

Juste le temps pour que les équipes de direction utilisent cette demi-journée pour vider les caisses, de crainte que leur stock ne leur soit confisqué alors que le printemps et la fin d’année se prêtent non seulement à la préparation des examens, mais également aux sorties. Que retenir ?

Bien malin celui qui peut évaluer le subtil équilibre et la nature des joutes qui agitent l’actuelle équipe gouvernementale. Nicole Belloubet a-t-elle obtenu gain de cause dans un bras de fer avec Bercy ? En revanche, dans un climat de tension déjà accru, on peut affirmer qu’une année scolaire ne se prépare pas sur un coin de table et que ce type de management n’est pas de nature à rassurer les différents acteurs d’une forteresse « mère de toutes les batailles » déjà bien lézardée.

Boris Enet