Promotions, piège à consommateurs!

par Gilles Bridier |  publié le 25/06/2023

Les promotions – un temps – consenties par les industriels de l’agroalimentaire n’auront… aucun effet durable contre l’inflation

Promotion supermarché

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, les avait mis en garde: alors que la hausse générale des prix en France se maintient à 5,1% sur un an selon l’Insee, elle atteint 14,3% pour les seuls produits alimentaires! Incompréhensible, alors que les prix de gros baissent » et que les marges se sont redressées, avait insisté le ministre, menaçant de révéler le nom des marques les moins coopératives, et éventuellement de les taxer.

La menace a partiellement porté: sur les 75 plus gros industriels du secteur visés, 40 entreprises se sont engagées à déclencher pendant l’été des opérations spéciales pour appuyer l’action du gouvernement. Des promotions limitées à 10% sur 200 à 300 articles pour « lutter contre l’inflation ». Et après?.

Une fois terminée l’opération promotionnelle, par définition… limitée dans le temps? Les prix retrouveront leur niveau antérieur, et l’effet de la promotion sur l’inflation sera neutralisé. Des promotions dans les rayons ne font pas une politique économique. Le grand perdant face à l’inflation reste le consommateur.

Les industriels répliqueront que, si les prix de leurs matières premières baissent, ils le répercuteront sur leurs prix. Mais certains admettent qu’il veulent récupérer les manques à gagner subis par la pandémie de covid et les conséquences de la guerre en Ukraine… et d’agiter implicitement le spectre de la déflation si les prix devaient durablement baisser, avec les conséquences sur le recul de l’emploi et les investissements.

Autant dire que, hors promotions, les effets de l’inflation sur les prix des produits alimentaires sont en partie irréversibles. Moins de hausses peut-être, mais pas de retours aux niveaux d’antan à espérer. Ces opérations spéciales servent la communication des industriels et du gouvernement, mais ne sauraient être considérées comme des remèdes durables. Elles sont des diversions qui ont le double effet de permettre au ministre de l’économie d’afficher un résultat positif à son intervention, et aux industriels de faire un peu retomber la pression face au gouvernement.

Quant aux consommateurs, ils n’avaient pas attendu le ministre: pour préserver leur pouvoir d’achat, ils ont appris avec la crise à faire des arbitrages entre les enseignes qui pratiquent des promotions et les autres, comme le montre l’augmentation des clients du hard discount.
In fine, les promotions annoncées luttent contre la concurrence, elles n’ont rien à voir avec le combat contre l’inflation.

Gilles Bridier