PSD : Gueule de bois en Finlande

publié le 19/04/2023

Comment perdre en ayant tout gagné! Battue aux législatives, Sanna Marin, future ex-première, va quitter la tête du parti Social-Démocrate ministre de Finlande.

Prime Minister Sanna Marin- Photo Heikki Saukkomaa / Lehtikuva / AFP

A l’issue d’une campagne très disputée, elle est arrivée en troisième place derrière les conservateurs et les nationalistes son parti (social-démocrate) et se voit devancée à la fois par le centre droit et par l’extrême droite.

Amère défaite pour les sociaux-démocrates. lls ont portant amélioré leur score de 2019, mais se sont fait battre par un vote tactique, le tout coordonné par les formations de droite.

Dans le système finlandais, le parti arrivé premier forme en effet l’alliance de gouvernement. Et le nouveau premier ministre, Petteri Orpo, 53 ans, chef de la coalition nationale, n’exclue pas de s’allier avec l’extrême droite qui vient d’obtenir un score record.

Amère défaite encore quand on sait que les résultats des quatre années de mandat de Sanna Marin à la tête de sa coalition de centre-gauche ont été salués sur les scènes nationale et internationale !

D’abord, face à la pandémie de la Covid, sa réaction a permis à la Finlande de limiter fortement le nombre de victimes tout en évitant un confinement dur à sa population. Rien à voir avec la constitution physique des Vikings ou l’usage des saunas, la chronologie réelle des faits indique que c’est bien une réaction ferme et précoce due à la clairvoyance de ses dirigeants qui explique ce succès.

Ensuite, cette coalition a été surtout capable de concrétiser, dans le calme et la sérénité, une décision géo-stratégique fondamentale pour l’avenir de l’Europe et de ses alliés : l’adhésion à l’OTAN. D’autant qu’une des raisons ayant poussé Poutine à déclencher l’absurde guerre d’Ukraine était la crainte de  l’OTAN , qu’il jugeait trop proche de ses frontières, notamment dans les pays baltes. Un an plus tard, carton plein pour le dirigeant russe : non seulement ses troupes se font massacrer dans le bourbier du Donbass, mais la Finlande vient d’ajouter 1340 km de frontière directe entre la Russie et l’Otan !

Enfin, cette coalition de centre-gauche, moderne – cinq partis dirigés par des femmes, jeunes et 4 dirigeantes sur 5 de moins de 35 ans -, a su moderniser le pays et dépoussiérer sa représentativité.

Sanna Marin a même donné de sa personne en se mettant en scène personnellement et en incarnant une simplicité chaleureuse typiquement finlandaise. Parfois même un peu trop si l’on en croit le scandale déclenché par la publication de vidéos de soirées auxquelles participait la Première ministre. L’une d’elles, le 17 août, la monte en train de danser avec des amis et des personnalités du showbiz, lors d’une fête privée.

Sanna Marin a aussitôt décidé de se soumettre à un dépistage de drogues, test qui s’est révélé négatif, mais la polémique a permis aux tristes esprits conservateurs d’utiliser ce prétexte pour critiquer ce qui les révulse tant dans l’image de Sanna Marin, dirigeante moderne et joyeuse, forte de sa jeunesse et de sa maturité. Comme le dit elle-même la future ex-première ministre : « Parfois, j’ai l’impression que mon existence même est une provocation pour certains. »

Reste que ce phénomène ne touche pas seulement la Finlande et que La social-démocratie recule dans ce Nord de l’Europe souvent présenté comme son bastion. Le cas le plus récent, c’est la Suède, voisine de la Finlande.

Lors des élections de septembre dernier, la social-démocrate Magdalena Andersson a perdu, là aussi, le pouvoir. Remplacée par le conservateur Ulf Kristersson.

L’extrême droite du parti « Démocrates de Suède », devenu premier parti de droite, est désormais associée à toutes les grandes décisions.

Aujourd’hui, Sanna Marin se retire donc – paradoxe –  sur… un beau bilan !  Avec elle, la Finlande n’est plus ce pays mal connu, dont on connait que le fracas de Nokia et la tradition du sauna, éclipsé par son imposant voisin suédois.

Elle s’en va certes, emportée par la vague, mais, sa gestion moderne de la Finlande nous lègue de nombreuses pistes de réflexion pour l’avenir de la social-démocratie.