Quand la démocratie trottine…

publié le 12/04/2023
Photo Daniel Derajinski / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Victoire ambiguë de la démocratie directe. À quelque 90%, les Parisiens ont rejeté les trottinettes louées en libre-service. Mais la participation a été très faible et on peut supposer que les votants n’étaient pas, en moyenne, de la première jeunesse, ce qui a sans doute orienté le scrutin.

On ne saurait, pourtant, rejeter l’expérience d’un revers de main. La votation parisienne sur le maintien ou non des trottinettes en libre-service a le mérite de créer un précédent de consultation populaire directe sur un sujet précis. Quant à la faible participation, elle est aussi liée à l’ouverture très parcellaire des bureaux de vote (environ un seul bureau pour 100000 habitants en moyenne). Ce qui importe c’est la conséquence de ce vote et il semble qu’Anne Hidalgo ait décidé appliquer stricto sensu l’expression populaire : on like !

Pour rester vivante, la démocratie a besoin de redéfinir régulièrement ses méthodes. C’est en se réinventant en permanence qu’elle pourra saisir les attentes sans cesse renouvelées de ses concitoyens. La gravité de la période actuelle – chaotique, incertaine, volatile – appelle à toujours plus d’agilité dans nos méthodes de dialogue collectif et de représentativité démocratique. Un bon point, donc.

Encore faut-il la prendre au sérieux. Ce qui n’est pas toujours le cas. Le Grand débat – lancé le 15 janvier 2019 et pensé comme un outil de sortie de crise des gilets jaunes – a produit, grâce à sa mécanique de dialogue désintermédié, la remontée d’idées la plus rapide, la plus exhaustive et la plus spectaculaire de ces dernières décennies. Obéissant à une autre logique mais toujours dans cette même veine d’innovation démocratique, la convention citoyenne pour le Climat a créé en octobre 2019 une plaisante atmosphère de « tout est possible » et a laissé penser que ça-y-est enfin des solutions concrètes allaient être prises contre le réchauffement climatique.

Las ! Quatre ans plus tard on est toujours à la recherche des doléances exprimées lors du Grand Débat. Consciencieusement collectées par les services de l’État elles n’ont pourtant jamais été communiquées publiquement – et ce malgré les demandes incessantes de nombreux acteurs (dont la dynamique association « Rendez les doléances »). Quant aux 149 idées retenues par la convention citoyenne sur le climat, moins d’un tiers ont été retenues et ce, partiellement, contrairement aux promesses initiales du Président de la République.

Tout n’est pas perdu… Autre ambiance, autre portée sociétale, la convention citoyenne sur la fin de vie vient de formuler 146 propositions fortes en insistant notamment sur la nécessaire évolution du cadre réglementaire encadrant cette épineuse question. Le président Macron en a pris connaissance et a annoncé un projet de loi d’ici l’été. Il ne lui reste plus qu’à faire mieux que pour le Grand Débat et la convention pour le climat… Ça ne devrait pas être difficile.