Quand la violence mine l’école
Chaque week-end, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond ? L’essentiel
Lundi – le Waterloo de Ravel
Je m’inquiétais, dans mon premier édito de la semaine, des agressions et des menaces dont les enseignants sont victimes plus qu’à leur tour et de l’attitude ambiguë de la gauche radicale face à ce phénomène. Le proviseur du lycée Ravel à Paris a préféré se retirer plutôt que de continuer à subir le harcèlement des certaines familles musulmanes, accompagné de campagnes en règle sur les réseaux, avec dénonciations, insultes et menaces de mort. Défaite en rase campagne pour la laïcité. Le cas était suffisamment grave, me semblait-il, pour sonner l’alarme. J’étais très au-dessous de la réalité. Toute cette semaine a été dominée par ce danger multiforme qui plane sur l’école de la République, fait de violence endémique et d’obscurantisme.
Mardi – Chiffres effrayants
Comme l’émotion suscitée par l’affaire de Ravel commençait à retomber, un rapport du Sénat venait donner une mesure plus large de la menace. Chiffres effrayants : sur une année scolaire, 58 500 enseignants du second degré ont été menacés, 17 200 bousculés ou violentés et 900 menacés d’une arme, le tout pour des motifs divers, où la contestation de la laïcité figure en bonne place. Trois fléaux, en fait menacent l’école, à la fois distincts et entremêlés : un climat général de violence entretenu par la ghettoïsation de la société et le débondage de la haine sur les réseaux ; le trafic de drogue, qui gangrène les quartiers populaires ; l’activisme minoritaire, mais très agressif, des mouvements islamistes, qui mènent une guérilla incessante contre les principes de laïcité avec la complicité plus ou moins assumée de la gauche radicale. Phénomène général ? Non : il est concentré dans les quartiers populaires, accentuant encore les inégalités scolaires et sociales qui déchirent le pays.
Mercredi – Bayou annulé
La tête de Julien Bayou tombe donc dans le panier. La justice ne s’est toujours pas saisie de l’affaire, une première enquête n’a rien donné, deux plaintes ont été déposées, mais avant même qu’elles soient examinées, l’ex-patron des Verts jette l’éponge. Avec une froideur triomphante, Sandrine Rousseau affiche son contentement sur les écrans. Voilà donc une procédure nouvelle, ou plutôt très ancienne : on commence par punir le suspect, puis on lance l’enquête. Bayou est-il coupable ? On ne sait. En tout cas, il est condamné. Pendant la Révolution, Sandrine Rousseau aurait pu servir d’assesseure à Fouquier-Tinville.
Jeudi – Ni Le Pen, ni Mélenchon, ni Macron…
Glucksmann en troisième position dans les enquêtes d’opinion pour les Européennes, Hollande deuxième homme politique le plus populaire en France, Étienne Gernelle, éditorialiste au Point et à RTL, qui réhabilite le bilan du quinquennat socialiste, Le Nouvel Obs qui repère ces « jeunes intellos qui croient encore au socialisme ». Ce que nous serinons depuis un an commence à se matérialiser : il existe en France un électorat social-démocrate qui cherche une alternative à Macron qui ne soit ni Le Pen, ni Mélenchon. Dans un accès de lucidité, les médias « mainstream » s’en aperçoivent lentement.
Vendredi – Samara lynchée
SOS-école, encore. Cette fois c’est une jeune fille de 13 ans, Samara, qui est rouée de coups à la sortie d’un établissement de Montpellier par un groupe d’ados déchaînés. Shamseddine, 15 ans, un autre collégien, à Viry-Châtillon, attaqué dans les mêmes conditions, a hélas succombé à ses blessures. L’enquête dira quel rôle a joué la religion dans ces affaires. En attendant, la violence mine l’école dans les quartiers populaires, provoque la fuite des familles qui peuvent déménager et plombe tout espoir d’ascension sociale pour les plus défavorisés. La première réforme scolaire à mener, c’est le retour de la paix civile à l’école.