Rachida Dati : la meilleure défense est l’intimidation
En attente du verdict de la justice dans l’affaire Renault-Nissan, la ministre de la Culture n’hésite pas à attaquer tous ceux qui osent la critiquer. Façon Nicolas Sarkozy
La Justice n’entend pas se faire dicter son rythme par Rachida Dati. La cour d’appel de Paris rendra sa décision dès le 2 juillet, soit dans deux petits mois, sur sa requête qui invoque la prescription pour mettre fin à sa mise en examen en 2021 pour « corruption et trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public », soupçonnée d’avoir été payée 300 000 euros de 2009 à 2013, soit 900 000 euros au total pour des conseils juridiques, en raison de son activité d’avocate, au profit de la filiale hollandaise RNBV de Renault Nissan quand Carlos Ghosn en était le Président.
Tandis que partisans et adversaires de la candidate déclarée à la Mairie de Paris attendent avec impatience le verdict tant il peut avoir d’impact sur la suite de sa carrière, la ministre de la Culture continue de distribuer les bons et les mauvais points comme si de rien n’était.
« Radio France ne pouvait pas ne pas réagir », lance-t-elle mardi 7 mai, le jour même de son recours, en réponse à une question du député de La France Insoumise David Guiraud, qui s’indigne à l’Assemblée Nationale de la suspension de Guillaume Meurice dans l’attente d’un éventuel licenciement de France Inter.
L’ex-Garde des Sceaux argue du fait que sinon, la radio risquait d’être sanctionnée par l’Arcom, l’organisme qui fait la loi dans l’audiovisuel et qu’importe si la Justice a classé sans suite la plainte pénale déposée contre lui, l’humoriste n’aurait pas dû réitérer ses propos où il traitait Benyamin Netanyahu de « sorte de nazi mais sans prépuce » même s’il a reçu le soutien de la rédaction de France Inter et de personnalités de gauche, au nom du respect de la liberté d’expression et de la caricature.
Rachida Dati n’a pas sa langue dans sa poche et elle excelle dans l’art d’intimider l’adversaire. Le 26 avril, trois jours après que le journal Libération affirme qu’elle aurait touché plus de 800 000 euros comme avocate du groupe Orange entre 2009 et 2019 alors qu’elle était députée européenne, elle désigne la coupable : « que la Mairie de Paris se serve de ce journal, puisque ce journaliste est un ami de Madame Hidalgo, pour pouvoir m’attaquer sur quelque chose de légal, est-ce normal ? » lance-t-elle sur RTL, après avoir plaidé « qu’il est autorisé par la loi d’être à la fois parlementaire élue et avocate ».
Elle va alors jusqu’à évoquer un possible « conflit d’intérêts » pour « ce journal qui est subventionné par la Mairie de Paris ». Provoquant une vive réaction de la Société des journalistes et du personnel de Libération qui publie un communiqué : « les attaques directes et personnelles visant l’un de nos journalistes, tout comme l’accusation aussi outrancière qu’infondée de « conflit d’intérêts », nous semblent indignes de la fonction occupée par Rachida Dati qui doit participer à être garante de la liberté de la presse ».
Rachida Dati a tous les culots, y compris celui d’attaquer l’actuel président de Renault-Nissan, Jean-Dominique Sénard pour « entrave à la justice » et « omission de témoigner en faveur d’un innocent », ce qui a provoqué la riposte sous forme d’une plainte pour « dénonciation calomnieuse » de la part de ce patron pourtant réputé pour être placide.
La ministre de la Culture poursuit aussi en diffamation les journaux qui enquêtent sur elle comme Le Nouvel Obs et Libération. Afin d’assurer sa défense, Rachida Dati utilise toutes les armes, elle a été à bonne école, celle de Nicolas Sarkozy.