Radio: Cazeneuve sur France Nupes
Curieux traitement du meeting de Cazeneuve lundi matin sur France Inter, radio de service public : on y trouve surtout les éléments de langage de LFI
Bernard Cazeneuve était sur France Inter hier matin. Invitation ou traquenard ? Rarement, en tout cas, un invité aura été traité avec autant d’animosité par une radio publique. A 7.55, sketch railleur sur son âge et sa qualité d’ancien Premier ministre. Légitime : il s’agit d’un billet d’humeur destiné à faire rire et les vieux, ça fait rire. Un peu répétitif, tout de même : vingt minutes plus tôt, édito politique assassin. Sur quel thème ? Le mouvement ne s’est créé que pour combattre la NUPES. Et, Surprise :Cazeneuve est vieux. Gros effort d’imagination…
Suit un papier tendant à démontrer que la gauche réformiste est obsolète, et donc que l’avenir, en creux, appartient à la gauche radicale. Avec quels arguments ? L’âge, bien sûr. Détaillons :
À 60 ans, Cazeneuve est vieux, mais à 71 ans, Mélenchon est jeune.
La gauche réformiste, c’est le monde d’avant. La preuve : il y avait à Créteil des anciens ministres ou chefs de partis. Comme on ne cite pas les autres présents, élus d’une nouvelle génération, on est sûr de ne pas être contredit par les faits.
La social-démocratie est en déclin, comme le montrent les récentes élections locales espagnoles. L’ennui, c’est que le PSOE (28% des voix, tout de même) a perdu au profit de la droite et non de Podemos, gauche radicale, qui a reculé encore plus que les socialistes, pour plafonner à 3,2%. Quelle leçon pour Cazeneuve ? Aucune. Peu importe : du moment qu’on dit du mal de la gauche réformiste, tout est bon.
Cazeneuve, enfin, n’a pas de bons sondages. Mais comme il n’apparaissait guère publiquement jusqu’à maintenant, l’opinion ne s’en souciait pas. Quant à son adversaire socialiste, Olivier Faure, chef du PS « moderne » depuis six ans, rallié à la Nupes, il émarge à 3 ou 4%. Ce qu’on se garde de mentionner…
Cazeneuve était l’invité de 8H20. Et quand on donne la parole aux auditeurs, choisis, ce sont – surprise – des procureurs aux arguments d’extrême-gauche.
En d’autres termes, France Inter, parlant de la gauche réformiste, énumère les éléments de langage de LFI. C’est le « choix de la jeunesse », sans doute. Officiellement, la radio, publique, n’est « ni de droite ni de gauche ». C’est tout à fait vrai : lundi matin, France Inter était l’organe de l’extrême-gauche.
