Raoult, le Diafoirus de la Canebière
Promoteur de la panacée bidon appelée hydroxychloroquine, le professeur de Marseille Didier Raoult vient d’être condamné en appel par l’ordre des médecins.
Dans la médecine, aussi, il y a une justice. Ainsi Didier Raoult, promoteur farfelu et arrogant de cette poudre de perlin-pimpin nommée hydroxychloroquine, vient d’être condamné en appel à deux ans d’interdiction de la pratique de la médecine, peine particulièrement infamante pour un professionnel. Pour l’Ordre des Médecins, « il n’a pas fait preuve de prudence et a promu un traitement insuffisamment éprouvé ».
Ainsi celui qui fut un temps le dissident adulé de la médecine « officielle » voit ses billevesées officiellement réfutées, et redevient ce qu’il a toujours été aux yeux des observateurs rationnels : la vaniteuse idole des crétins. Le directeur de l’Institut Hospitalo-Universitaire de Marseille avait pourtant mené une carrière plutôt brillante en découvrant et en analysant une foultitude de virus destinés à être combattus par la médecine. Il y manquait apparemment le virus de la mégalomanie.
Au début de la pandémie de Covid, ce professeur à tête de montgolfière croit découvrir, dans le moindre test sérieux, qu’une médication classique appelée hydroxychloroquine obtient de remarquables résultats quand on l’administre à des patients atteints du Covid. Comme ses confrères font part de leurs doutes et remarquent que les études menées par Raoult ne valent pas tripette, il les abreuve de sa suffisance et de son mépris, gagnant dans l’affaire une notoriété aussi large dans ses effets, qu’étroite dans ses fondements scientifiques.
La controverse fait rage, surtout quand les doubles légions à front bas de l’extrême-droite et des demeurés de l’« antivax » s’enrôlent au service du dissident péremptoire. Le « protocole Raoult », un peu comme celui des Sages de Sion, devient le marqueur d’une campagne populiste et agressive menée contre les élites supposées aveugles et corrompues, en particulier contre « l’establishment médical », accusé de défendre les louches intérêts de l’industrie pharmaceutique. Les émules de Raoult se changent en secte farouche, vouant aux gémonies tous ceux qui s’appuient sur la science pour réfuter leurs thèses abracadabrantesques.
Jusqu’au moment où l’accumulation des études sérieusement conduites de par le monde finit par démontrer la supercherie : non l’hydroxychloroquine ne soigne pas le Covid. Elle inocule plutôt le virus de la crédulité aux zélotes du zemmourisme et aux troupes béotiennes qui vont partout répétant, à rebours de toute expérience, que les vaccins sont inutiles et dangereux. Condamné en première instance, Raoult voit sa sentence aggravée en appel. On attend (sans grand espoir), les excuses de tous ceux, journalistes et hommes politiques, qui ont donné un funeste écho aux élucubrations charlatanesques de ce Diafoirus de la Canebière.