Raphaël Glucksmann : l’anti Macron

par Valérie Lecasble |  publié le 11/03/2024

Le leader de gauche a attaqué, lors de son premier meeting électoral la majorité présidentielle qu’il accuse de faire progresser le Rassemblement National

Le député européen de Place Publique et tête de liste socialiste française pour les élections européennes de juin Raphaël Glucksmann lors d'un meeting de campagne à Lyon le 10 mars 2024 -Photo JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Le lancement à Lyon par Raphaël Glucksmann de sa campagne des élections européennes par Place Publique et le Parti socialiste n’a pas fait exploser l’audimat puisqu’aucune chaîne d’information n’a jugé bon de la retransmettre, pas même France Info TV qui a choisi comme CNews de diffuser le meeting…. d’Éric Zemmour.

L’enjeu ce jour-là est pourtant de taille puisqu’il s’agit pour Raphaël Glucksmann qui fait la course en tête de la gauche à 10 % dans les sondages, de déjouer la stratégie d’Emmanuel Macron qui veut cantonner la bataille des élections européennes à un match entre la majorité présidentielle et le Rassemblement National, tirant les mêmes ficelles qu’il actionne depuis bientôt 7 ans.

Raphaël Glucksmann qui lui lance : « vous n’êtes plus un barrage au RN mais un marchepied. Votre alignement sur les plus riches et les plus puissants, votre absence de colonne vertébrale nourrit ce que vous prétendez combattre ». La preuve, dit-il, sa bataille pour protéger les Ouïgours devait conduire « au bannissement des produits de l’esclavage dans les pays européens », quand le parti d’Emmanuel Macron a cédé aux sirènes du Medef. C’est ainsi que la France de Macron a bloqué les droits sociaux de 4 millions de travailleurs, agissant en faveur des lobbys et des grands intérêts, comme lorsqu’il exempte les grandes banques du devoir de vigilance des entreprises.

« J’ai vu une France d’Emmanuel Macron bloquer les projets progressistes que nous portions au Parlement européen », scande Raphaël Glucksmann qui refuse le face à face entre la trahison des peuples qu’incarne le RN et la politique faible et injuste que porte la majorité présidentielle. Lui défend une troisième voie, la sienne, d’une gauche pro-européenne capable de devenir face à la droite la première force du Parlement européen et de faire basculer l’Europe dans un projet social et écologique.

Une Europe démocrate, sociale, écologique, solidaire et puissante, telle est sa vision. Pour y parvenir, il entend puiser l’argent des investissements massifs nécessaires à la transition écologique dans les 97 milliards de dividendes distribués en 2023 à leurs actionnaires par les entreprises du CAC 40 ; refondre la Politique agricole commune (PAC) en réorientant les subventions accordées aux grands céréaliers vers les petits agriculteurs ; lutter contre le capitalisme des plateformes ; investir dans l’éducation et la santé ; récupérer une souveraineté énergétique ; affecter à l’aide à l’Ukraine les 200 milliards d’argent russe gelés dans les banques ; exiger des industriels qu’ils produisent armes et munitions en priorité pour l’Ukraine et pas pour le Qatar et l’Arabie Saoudite.

Raphaël Glucksmann rêve d’une France qui prenne le leadership de la résistance à l’invasion de l’Ukraine, qui préfère l’appel du 18 juin à la tentation de Munich. On a envie d’y croire avec lui.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique