Raphaël Glucksmann : pourquoi pas lui?

par Valérie Lecasble |  publié le 23/12/2023

Il pourrait, à gauche, construire un projet. Probable candidat du Parti Socialiste aux prochaines élections européennes, il incarne, à 44 ans, une forme de renouveau de la vie politique française

Raphael Glucksmann à Paris- JOEL SAGET / AFP

C’est une petite musique que l’on entend monter, insistante. L’un des meilleurs pour mener la reconstruction de la gauche serait… Raphaël Glucksmann. Daniel Cohn-Bendit l’a adoubé dans nos colonnes, après Jacques Attali dans une récente interview. L’ex-conseiller de François Mitterrand s’est toujours voulu découvreur de talents : François Hollande, Ségolène Royal… Emmanuel Macron.

Raphaël Glucksmann, inconnu du grand public, existe peu ou pas sur la scène politique. À peine a-t-il été aperçu sur les plateaux de télévision à l’occasion de son livre-enquête, La grande confrontation Comment Poutine fait la guerre à nos démocraties, (édition Allary, avril 2023). Tout juste s’attend-on à ce qu’il soit un candidat du Parti socialiste aux prochaines élections européennes le 9 juin 2024 comme il y a cinq ans lorsqu’il a fondé « Place publique » un mouvement pour une « Europe démocratique, solidaire et écologique ». Sous cette étiquette, il décrochera deux sièges de député européen, dont le sien.

Fils unique du normalien agrégé de philosophie, le « nouveau philosophe » André Glucksmann, Raphaël a reçu une solide culture universaliste et antitotalitaire. Daniel Cohn-Bendit, Romain Goupil, ou Henri Weber, cette génération héritière de Mai 68, font la route à ses côtés. À peine sorti de Sciences-Po à Paris, il s’engage dans de grandes causes et partage parfois ses combats avec Bernard-Henri- Lévy.

L’association qu’il crée avec son père, « Études sans frontières », accompagne à Paris des étudiants tchétchènes. Il dénonce dans un documentaire la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda, avant de s’investir dans la révolution Orange en Ukraine. À 30 ans, il épouse Eka Zgouladze, vice-ministre de l’Intérieur de Géorgie, puis d’Ukraine.  Il conseille son ami, le président de Géorgie, Mikheil Saakachvili, arrivé au pouvoir lors de la « révolution des roses » qui donne le coup d’envoi à la libération des anciennes Républiques d’URSS, dont l’Ukraine, de la domination russe de Vladimir Poutine.

Après une incursion dans le journalisme, à France Inter puis au Nouveau Magazine Littéraire, il décide de s’engager vraiment en politique, renie le soutien qu’il a accordé avec son père à Nicolas Sarkozy, et retourne dans sa famille, la gauche. Avec sa nouvelle compagne, la journaliste Léa Salamé, ils forment un couple star du microcosme parisien.

Au Parlement de Strasbourg, élu Président de la Commission spéciale sur l’ingérence étrangère, il se dévoue corps et âme à la cause des Ouïghours, minorité musulmane menacée d’extermination par les autorités chinoises. Il s’attaque aux lobbies les plus puissants, devient la bête noire des grands groupes de la fast-fashion, ces entreprises de textile soupçonnées d’employer des travailleurs forcés en Chine pour produire à bas prix. Inditex, la maison-mère de Zara est particulièrement visée.

Le 7 octobre, il condamne le Hamas et soutient le droit d’Israël à se défendre. Et manifeste contre l’antisémitisme tout en dénonçant le trop grand nombre de victimes civiles palestiniennes dans la bande de Gaza. Raphaël Glucksman importe en France des convictions forgées à l’international. Une vision moderne qui prend de la hauteur et renvoie la classe politique française à ses turpitudes politiciennes.

Voix calme, diction et argumentation claire, empathie revendiquée, peuvent donner envie de croire au destin de Raphaël Glucksmann  .

Valérie Lecasble

Editorialiste politique