Rapports du GIEC : les cinq scénarios

par Armel Prieur |  publié le 17/09/2023

« Nous sommes en ébullition mondiale  » alerte Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, pour signifier que le réchauffement est passé en phase extrême. Accrochez-vous !

Armel Prieur

Comment n’avons-nous pas su comprendre les rapports du GIEC ? L’instance est le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat qui a été créée en 1988 à la demande de l’Organisation Météorologique Mondiale et de l’ONU. Mais l’ancien président américain Ronald Reagan et l’ex Première ministre britannique Margaret Thatcher avaient mis comme condition que les rapports soient approuvés par les 195 états-membres, ce qui ralentit (et quelquefois expurge) les rapports.

Le GIEC est composé de trois groupes, sur les aspects scientifiques du changement climatique (1), sur les conséquences (2) et sur les mesures à prendre (3). Valérie Masson Delmotte a co-présidé jusqu’en 2023 le groupe 1 du 6ème rapport, lequel a été publié dans ses trois parties le 9/8/2021, le 28/2/2022 et le 4/4/2022 avec un rapport de synthèse le 20/2/2023. L’ensemble est complété par le rapport Forster (dit aussi Copernicus) du 8 juin 2023.

SSP : « shared socioeconomic pathways » = scénarios possibles socio-économiquement définis

Les climatologues ont basé leurs évaluations sur cinq scénarios d’évolution en émissions carbonées mais aussi socio-économique comme démographie et technologies. Ces scénarios standards sont appelés SSP comme shared socioeconomic pathways. SSP1 pour un monde en réduction forte, SSP2 pour la poursuite des tendances historiques de développement, SSP3 pour un monde en tension guerrière, SSP4 pour un monde d’inégalités croissantes et SSP5 si exploitation totale des énergies fossiles.

Les chiffres de 1,9 à 8,5 associés à ces cinq scénarios expriment le taux de réchauffement de la planète en Watt par mètre carré, taux qu’on appelle aussi forçage radiatif, un anglicisme provenant de « radiative forcing » reconnu par l’Académie Française en 2019. Les laboratoires du GIEC élaborent ainsi des projections et non des prédictions, ces projections sont revues périodiquement comme vient de le faire Copernicus, nous en reparlerons.

– Le scénario 1 : « le rationnement avec 1,9 W/m2

C’est celui qui se rapproche le plus du projet de compte carbone. Il table sur zéro émission nette* de CO2 avant 2050 pour maintenir l’équilibre en fin de siècle.

– Le scénario 2 : « Business as usual »

Basé sur 2,6 W/m2, il projette une plus grande profusion de gaz à effet de serre, qui fait craindre le dépassement de l’équilibre trop rapidement. À échéance 2050, SSP1 montre 500 ppm de CO2 et SSP2 550 ppm (nous sommes actuellement à 425 ppm après qu’en 1960 nous étions à 320, les ppm ou parties par million étant des millilitres par m3 d’air).

Pour 2 100 ces scénarios envisagent un retour à 400 pour SSP1 et une stabilisation à 550 pour SSP2.

– Les autres scénarios : « guerre », « monde d’inégalités croissantes » et « exploitation fossiles »

Je n’aborde pas ici ces autres scénarios qui nous mettent en crise barbare dès les années 2040 comme l’a annoncé l’étude de Will Steffen, qui démontrait dès 2018 qu’au-delà de 2° C d’augmentation de la température moyenne terrestre, nous basculerons dans une « terre-étuve » et alors la planète se dirigera vers un fonctionnement chaotique, absolument instable.

(*) Notre prochaine explication portera sur les absorptions par les forêts et océans, pour bien comprendre les équilibres nécessaires vers « zéro émissions nettes ».

Sources : Rapport GIEC Groupe 1 : https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_SummaryVolume_French.pdf

Rapport Terre-étuve de Will Steffen :

https://comptecarbone.cc/wp-content/uploads/2022/06/Steffen.pdf

https://fr.wikipedia.org/wiki/Compte_carbone et https://comptecarbone.cc

Armel Prieur