René Blum : l’art et les brutes
Le livre d’Aurélien Cressely, bouleversant, évoque en termes sobres le voyage vers la mort d’un homme de culture que la violence des hommes a fracassé : René, frère de Léon Blum
Artiste engagé, critique théâtral, dirigeant du Théâtre de Monaco puis des ballets russes de Diaghilev, Rene Blum était l’ami de nombreux écrivains et peintres célèbres . Tout le destinait à laisser une œuvre, mais le fanatisme imbécile des hommes en décida autrement . Raflé avec d’autres notables juifs par la police française en décembre 1941 le frère cadet de Léon Blum fut interné dans plusieurs camps avant de finir assassiné a Auschwitz.
La description de sa vie, de sa passion pour l’art jusqu’à l’inhumanité des camps de Drancy, de Pithiviers et des trains de déportation, est saisissante. On y voit un homme se tenir droit au milieu des pires épreuves. Avec une dignité qui devrait être au-delà de l’oubli, en effet.
L’évocation du choc entre ce que l’homme a de meilleur, l’art, et de pire, la violence brute, semble plus que jamais actuelle . Une réflexion du personnage sonne comme une mise en garde, en écho avec ce que nous traversons en ce moment :
“ Personne ne pouvait donner la date exacte à partir de laquelle le monde s’était mis à tourner différemment… En vérité il n’y avait pas vraiment de date précise, c’était simplement une défaite morale, suivie d’une défaite politique “.
Par-delà l’oubli, Aurélien Cressely, Collection Blanche, Gallimard