Rentrée: Emmanuel Macron sonne le tocsin
Dans une tentative désespérée de trouver une majorité, le Président de la République invite cette semaine les responsables des partis politiques. Au menu : l’éducation nationale, l’immigration et le budget
Emmanuel Macron sonne le tocsin. Dans une démarche d’unité nationale à laquelle François Hollande avait dû se résoudre pour affronter la menace terroriste après les attentats, le Chef de l’État a invité dès ce mercredi 30 août les responsables de tous les partis politiques. La patrie serait-elle en danger ?
On n’en est pas loin. Six mois de manifestations contre la réforme des retraites et deux mois d’émeutes provoquées par la mort de Nahel ont démontré la dangereuse impuissance politique dans laquelle s’est englué son quinquennat. Il est donc urgent de réconcilier les Français.
L’Éducation nationale, désignée comme l’épine dorsale de la cohésion du pays, devient son « domaine réservé ». Lire, écrire, compter, mais aussi se comporter, l’école, pense-t-il, est « au cœur du combat pour la nation » et de ses criantes inégalités. Pour y remédier, il avance quelques mesures symboliques comme l’accès à la maternelle dès l’âge de deux ans dans certains quartiers de Marseille et des vacances d’été raccourcies au 20 août. Au travail !
Mais le plus important est de rétablir « l’autorité des savoirs et l’autorité des maîtres », en donnant plus d’autonomie de recrutement aux établissements. Retrouver les fondamentaux, en restaurant « l’histoire de façon chronologique ».
Et chasser le « pédagogisme » soupçonné d’avoir fait « perdre leurs repères à plusieurs générations ».
Le pédagogisme est un terme péjoratif pour critiquer le travail d’enseignants qui utilisent des méthodes développées par le mouvement de l’Éducation nouvelle.
L’instruction civique prend du galon et « un grand texte fondamental sur nos valeurs » sera le socle de références.
Ce discours clairement réactionnaire contredit six années de tentatives de réformes. Aussi bien l’ouverture de Pap Ndiaye aux méthodes constructivistes des apprentissages des élèves que les avancées de Jean-Michel Blanquer sur le baccalauréat dont les épreuves de spécialité sont désormais reportées à la fin de l’année. Dans ce contexte, le nouveau ministre Gabriel Attal qui annonce en cette rentrée son programme, fait figure de pâle exécutant., ou plus surement de la voix de son président quand il vient d’annoncer qu’ »on ne pourra plus porter l’abaya à l’école ». Et vlan contre Pap NDiaye !
Deuxième cause des émeutes, selon Emmanuel Macron : l’immigration.
Mal à l’aise avec le sujet, le Président de la République est coincé entre des injonctions contradictoires. D’un côté, la gauche de sa majorité exige la régularisation des sans-papiers dans les métiers sous tension, de l’autre, Les Républicains menacent de dégainer une motion de censure si le gouvernement tentait de la faire passer avec le 49-3.
Pour sortir de l’impasse, Emmanuel Macron remet les compteurs à zéro. Aux orties le projet de Gérald Darmanin adoubé par les LR,un double désaveu pour Gérard Larcher, puissant Président du Sénat et du Ministre de l’Intérieur qui se rase matin et soir en pensant aux présidentielles.
Reste le plus crucial : le budget.
Avec un endettement de 3 000 milliards d’euros et des taux d’intérêts en hausse à 3,5%, la France voit la charge du remboursement de sa dette s’envoler de 10 milliards d’euros supplémentaires jusqu’à devenir la première dépense de l’État.
Bruno Lemaire s’en inquiète et exige 15 milliards d’économies. Cocasse si l’on se souvient qu’Emmanuel Macron a promis aux ménages une baisse de deux milliards de leurs impôts.
Bilan ?
Faute d’avoir su réformer l’État comme il l’avait promis lors de sa campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron se retrouve six années plus tard, acculé. Sans vision ni projet et désormais avec des caisses vides.
Bonne rentrée.