Révolution ou Etats-généraux?

par Valérie Lecasble |  publié le 17/04/2023

En promulguant la nuit même de l’aval du Conseil Constitutionnel la loi sur les retraites , Emmanuel Macron a montré qu’il ne cèderait pas.

Graffiti Metro station Grands boulevards - Photographie de Laure Boyer / Hans Lucas


Ni à Laurent Berger qui lui a demandé au journal de 20 h de TF1 d’y renoncer, ni aux protestataires dans la rue qui refusent de s’y plier. Inflexible, jusqu’au bout.
Dès lors, seulement deux chemins profilent désormais : la révolution ou la réconciliation.
La révolution passerait par des manifestations et des grèves à répétition portées par la colère d’un peuple.

Les Français ne se résignent pas à ce passage en force. Malgré douze journées de mobilisation, malgré une intersyndicale soudée comme jamais, malgré une opinion publique largement hostile, malgré des députés majoritairement opposés à la réforme, le Président de la République n’a rien lâché, sûr de son fait et de son bon droit. Sourd.


Première leçon : à l’ère du télétravail, les seules manifestations légales ne suffisent plus à bloquer le pays. Ne resterait au peuple qu’à se soulever, provoquer la violence et pousser à une révolte ultime qui se terminerait par la décapitation du roi- président.
Très mauvaise solution, extrême. Le risque pour notre pays serait trop grand.


Voilà pourquoi Emmanuel Macron et les syndicats ne peuvent – ne doivent – aller que vers la réconciliation. En refusant de se rendre à l’Élysée dans les prochains jours, Laurent Berger a montré qu’il ne se laisserait pas imposer le tempo. En appelant à une manifestation d’envergure le 1er mai, il espère encore montrer sa force. Mais, au fond de lui, peut-être sent-il que, dans deux semaines, il sera trop tard. Alors ?

Gréviste- Photo LOU BENOIST / AFP

Alors, l’attitude la plus constructive de part et d’autre serait de renouer peu à peu le dialogue, de reprendre le débat par ce qu’il aurait dû être dès le début, celui du travail en France. Comment redonner plus de sens au travail, plus de pouvoir d’achat et de dignité aux salariés ? Comment en redistribuer plus équitablement le fruit entre les salariés et le capital ? Comment éviter les cadences infernales et remédier au mal du siècle, le burn-out ? Comment accompagner le travail tout au long de la vie, en particulier chez les seniors ?
Une fois ces questions résolues, Emmanuel Macron pourrait enfin faire accepter par les Français ce qu’ils refusent d’envisager aujourd’hui. Travailler plus longtemps, oui, mais pas dans n’importe quelles conditions.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique