Richard Ramos, l’opposant dans la majorité

publié le 11/05/2023

Au MoDem, parmi les députés centristes alliés avec le président, il n’a pas la langue dans sa poche. C’est l’électron libre de la majorité

Richard Ramos, député MODEM - Photo Xose Bouzas / Hans Lucas

Il a des origines rares au Parlement : fils d’ouvrier, issu des quartiers sensibles de Blois, il a un itinéraire inhabituel dans la vie politique. Il a été serveur dans le bar blésois « La Tocade » et chroniqueur gastronomique sur France 3 Centre-Val de Loire avant d’être élu député en 2017.

Pour un parlementaire, ses méthodes sont originales: il n’a pas hésité, au cours de son premier mandat, à déverser une tonne d’oignons devant un supermarché ou à mener un ardent combat contre le géant de l’agro-business Bigard avec son ami député… François Ruffin.

Ainsi est Richard Ramos, grande gueule et militant de la bonne bouffe, imprévisible député du Modem, électron libre de la majorité.

Le gouvernement est « à la solde des lobbystes ». On pourrait croire à la déclaration fracassante d’un député LFI ou RN. Il n’en est rien. C’est encore Richard Ramos, qui donne son sentiment sur la décision prise par le gouvernement dans le dossier des nitrites. Depuis 2017, il mène un combat intense contre la présence dans la charcuterie de ces adjuvants chimiques qui, d’après études et rapports, sont nocifs pour la santé. Alors qu’il demande leur interdiction pure et simple, il voit ses espoirs douchés quand la majorité se contente de réduire leur utilisation.

Un « coup de Trafalgar », selon Ramos, pour qui le parti présidentiel fait en sorte que des « pauvres puissent mourir ». Et d’ajouter : « on sait que le nitrite, ça tue les Français. Il faut que ces ministres, qui sont à la solde des lobbyistes, démissionnent et protègent les Français ».

Même liberté de ton sur la réforme des retraites, dont il est un farouche opposant depuis les premiers instants, tant sur le fond que sur la forme. Il l’a été si bien que, plusieurs fois, on a pu se demander s’il n’allait pas voter la motion de censure. Le meilleur moyen d’être entendu, dit-il, c’est de parler fort et directement. Une forme d’honnêteté politique…

Pour Ramos, le cas des retraites et celui des nitrites symptôme d’un mal plus profond, reflètent une profonde crise démocratique ; les citoyens n’ont plus confiance en la parole exécutive et finissent par se dire qu’ils sont abandonnés. Fort de ce constat, Ramos est l’un des seuls à être aussi direct avec le pouvoir, sans jamais redouter les foudres de l’Élysée.

La conclusion qui sied le mieux vient du centriste lui-même : « Je suis contre le gouvernement et parfois contre le Modem. Je suis d’abord un député libre”.