RN : demain on fait école gratis !
Fausses promesses poudre aux yeux laïque, salaires… pour séduire les profs, le RN est à prêt à tout. Et ça marche !
Les questions liées à l’éducation demeurent largement minoritaires -5 % – parmi les partisans de la « préférence nationale . Néanmoins, deux évolutions sensibles méritent d’être notées. La première concerne la conversion brutale et récente à la laïcité après avoir été le fer de lance de la défense de l’école privée, notoirement catholique. En 1984, tandis que le FN faisait son apparition sur la scène électorale européenne provoquant l’effroi de la presse continentale, Jean-Marie Le Pen ne manquait ni un cortège ni une occasion pour faire reculer le projet du ministre Savary pour un service public d’éducation unifié.
L’extrême-droite de l’époque allait même jusqu’à louer le “chèque Reagan” outre-Atlantique permettant aux parents de choisir indistinctement l’école, privée ou publique. Deux décennies plus tard, sous la houlette de sa fille, l’extrême-droite ripolinée a fait sa mue. Elle est désormais une “vraie” championne laïque. Quoique le naturel ne soit jamais très loin. Ainsi, en 2018, sous couvert de laïcité, le jeune maire RN de Beaucaire, Julien Sanchez, rend le porc obligatoire à la cantine des écoles de sa commune en supprimant tout menu de substitution.
Une manière de s’en prendre aux enfants de confession musulmane, tout en apparaissant comme un rempart laïc face au communautarisme. La ficelle serait-elle un peu grosse que la formation extrémiste sort alors l’argument financier : “Nous n’avons pas deux millions d’euros à mettre dans nos cantines pour créer des selfs…” Sous couvert de conversion laïque, il s’agit de stigmatiser une partie des enfants à l’école tout en dénonçant la soumission du Conseil d’État aux imams. Pas moins.
Le second angle d’attaque concerne la “prolétarisation” du corps enseignant et plus généralement de la fonction publique. Utilisant le thème de l’abandon en matière de reconnaissance financière et institutionnelle, Gilles Pennelle réclame un plan quinquennal d’augmentation de 3 % par an pour les profs et un effort particulier pour les agents des catégories B et C, nombreux parmi les administratifs et personnels ouvriers. C’est ainsi que, contre toute attente, le RN se déploie lentement et s’enracine dans un milieu historiquement hostile à son idéologie.
Un basculement qui s’opère également au niveau syndical avec une percée du SNALC (Syndicat national des Lycées et Collèges), avec 15 % des suffrages, au détriment des organisations traditionnelles délaissées et classées à gauche. Bien sûr, à raison de 2 milliards le point d’indice des traitements de la fonction publique, le RN se garde bien de décrire comment opérer le redressement salarial légitimement attendu ou de préciser son financement. Qu’importe ! La formation de Jordan Bardella identifie les peurs et les ressentiments d’une profession pour les transformer en gains électoraux. À mesure que les digues cèdent, que la mémoire s’estompe, force est de constater que la supercherie marche.