RN : Une école aux relents néo-pétainistes

par Boris Enet |  publié le 10/05/2024

Des « mesures patriotiques à l’école »… que propose réellement le Rassemblement National pour l’enseignement ?

Gilles Pennelle, responsable de la stratégie électorale du Rassemblement national (RN), avec la présidente du parti d'extrême droite français, Marine Le Pen- Photo Loic VENANCE / AFP

Gilles Pennelle n’est pas un perdreau de l’année dans la famille RN. Frontiste dès 1985, passé par le PFN (Parti des Forces nouvelles), groupuscule d’inspiration néo-fasciste à Rouen, il enseigne l’histoire-géographie durant 32 ans dans un lycée privé. Mégretiste un temps avant de revenir au bercail, celui qui se revendique bonapartiste a été choisi par Marine Le Pen au poste stratégique de directeur général du parti en 2023.

En charge des fédérations, des élections et de la formation, c’est à lui, quinzième colistier de Jordan Bardella aux élections européennes, que l’on doit les dernières propositions en date sur l’école, avant les régionales de 2022. Reconnaissons de la cohérence entre les propositions de ce frontiste d’origine, créateur du creuset « Maison de l’identité » qui voit d’un bon œil la campagne de Marion Maréchal et ses propositions rétrogrades en matière scolaire.

Forcément, l’uniforme, à l’appréciation des établissements, est obligatoire de l’école à la sortie du collège. Présenté comme un gage d’égalité républicaine, sous couvert d’application stricte du principe laïc, il est mis à l’honneur bien avant l’expérimentation actuellement menée sous la conduite de Gabriel Attal. Si une partie des devoirs doit être effectuée en classe – ce qui est déjà le cas -, l’accent est mis sur le renforcement du français, des mathématiques et de l’histoire-géographie à raison de 1h30 hebdomadaire en mettant fin aux « anniversaires des enfants » (sic !) célébrés à l’école et aux activités identifiées comme « ludiques ». Derrière ces mesures démagogiques, qui ne coûtent rien si ce n’est le plaisir d’être ensemble à l’école, se cache le retour aux fondamentaux frontistes.

La formation professionnelle dès la classe de 5e et l’apprentissage dès 14 ans apparaissent comme l’alpha et l’oméga pour rétablir le calme dans les collèges et orienter précocement une main-d’œuvre patronale bon marché, obsolète une décennie plus tard faute d’une formation initiale minimale. Ainsi qu’ une révision assumée de 1968 de la réforme Haby du collège unique de 1975, personne ne s’en étonnera.

Mais la proposition va au-delà en revenant de fait sur l’acquis du Front Populaire rendant l’obligation scolaire obligatoire jusqu’à 14 ans et celui de l’ordonnance de 1959 la prolongeant jusqu’à 16 ans dans la foulée de la signature par la France de la Déclaration internationale des droits de l’enfant.

Pour Gilles Pennelle et les siens, les « mesures patriotiques pour l’école » consistent d’abord à l’orientation précoce des enfants selon une sélection formellement naturelle dont les préceptes sont antérieurs à Erasme et aux humanistes. Oui, mais, selon quels programmes enseignés ?

Aux orties le Conseil supérieur des programmes et le rôle de l’inspection générale puisque les programmes des matières scolaires seraient désormais soumis à approbation par le parlement pour des enseignants privés d’INSPE (Instituts supérieurs de l’Éducation) jugés trop « idéologiques »… comprenez de gauche. Aussi, à l’issue d’un master 2, après passation d’un concours – Capes ou agrégation- les jeunes enseignants seraient donc formés par des pairs en attendant leur titularisation. Votée par le parlement avec serment de fidélité ?

Boris Enet