Rome jubile ? Vraiment ?

par Marcelle Padovani |  publié le 01/11/2024

Alors que le Pape François s’apprête à ouvrir les traditionnelles « Porte saintes », la capitale se prépare à accueillir une tornade de touristes venus du monde entier.

Le Pape François aux funérailles du cardinal Renato Raffaele Martino au Vatican, le 30 octobre 2024. (Photo de Tiziana Fabi / AFP)

Rome vit déjà dans l’atmosphère électrique du « Jubilé ». La traditionnelle « Porte sainte » sera ouverte par le pape François ce 24 Décembre, et le restera pour un an. Elle devrait voir passer au moins 10 millions de pèlerins (dont 1 million de Français). Les réservations sont prises depuis longtemps : hôtels, bed and breakfast, restaurants, et…musées. Rome a beau être habituée au tourisme, un tel engouement risque de bouleverser la physionomie de la ville.

Le Jubilé de l’an 2025 est le 25ème de l’histoire de l’Église catholique, le premier ayant eu lieu en l’an 1300 sous le règne du pape Boniface VIII, qui s’était contenté, à l’époque, de 200 pèlerins par jour. Depuis sept siècles, la tradition reste inchangée : une fois passée la Porte sainte de la Basilique Saint Pierre ou de l’une des trois autres basiliques papales, les croyants commencent un parcours destiné à « effacer tous leurs péchés », consistant à obtenir les indispensables « indulgences » après s’être confessés, avoir englouti l’eucharistie et avoir dit un bon nombre de prières.

Ce rituel qui pourrait avoir une allure vaguement médiévale connait aujourd’hui un regain de popularité. Comme à son habitude, le Pape François ne s’y est pas trompé. Pour donner à l’évènement une touche inédite, il ne s’est pas contenté des quatre traditionnelles « Portes saintes » : le 26 Décembre, il en inaugurera une nouvelle, située à l’intérieur du pénitencier romain de Rebibbia. Devant un public de détenus, l’ouverture de cette nouvelle porte promet déjà de faire les grands titres.

Mais c’est dès maintenant que les Romains se régalent un peu plus chaque jour d’un avant-gout de « l’année sainte 2025 ». Embouteillages monstres, groupe de touristes guidés à travers les rues par un speaker bloquant tranquillement la circulation des piétons, restaurants du Trastevere pris d’assaut, les « pèlerins de l’espoir » comme les qualifie le Pape François semblent charrier avec eux quelques problèmes d’ordre logistiques.

Pourtant, des accords très exclusifs entre l’Église et l’État italien, réglés par les Pactes du Latran, ont depuis 1929 fait cadeau au Vatican, en plus de ces « années saintes » accaparantes, d’importants avantages fiscaux, de l’assurance de la possession d’un patrimoine immobilier consistant et bien sûr, du contrôle exclusif d’un État indépendant de 0,44 kms carrés.

Vive le Jubilé !

Marcelle Padovani

Correspondante à Rome