Royaume-Uni : la gauche ne devrait pas faire ça !
Revenu au pouvoir à l’été 2024, le parti travailliste britannique a connu une chute vertigineuse de popularité qui résulte d’une politique d’austérité catastrophique. Petit anti-manuel de politique progressiste…

La parcours de Keir Starmer depuis sa victoire ? La somme des erreurs que la gauche peut commettre, en cinq leçons…
La gauche ne devrait pas mener une campagne électorale sans programme : une fois élue, elle ne sait pas quoi faire. La victoire du Labour, qui a obtenu 33% des voix et 411 sièges sur 600 l’a doté d’une majorité écrasante, sans qu’aucun projet n’ait été présenté aux électeurs. Seules quelques mesures vagues ont été évoquées, dans un manifeste de campagne famélique.
La gauche ne devrait pas faire peser les efforts budgétaires de la même manière sur tous les postes de dépense, qui ont été affectés par des coupes d’environ 7% sans qu’on ait songé à augmenter les impôts. Or pour réparer les services publics et renforcer l’économie du pays, laissés dans un piteux état par les héritiers du thatchérisme, il faudrait 142 milliards d’euros par an jusqu’en 2030, et le Gouvernement en prévoit à peine la moitié. L’idée d’un impôt sur la fortune demeure un tabou outre-Manche. Pourtant, un enfant sur cinq vit en situation de grande pauvreté et choisir entre manger et se chauffer a été le quotidien de millions de travailleurs cet hiver.
La gauche ne devrait pas s’attaquer aux travailleurs les plus vulnérables. La Sécurité sociale verra son budget amputé que quelque cinq milliards de livres dès cette année. Les Britanniques découvrent avec stupeur les coupes drastiques que le gouvernement prévoit pour les bénéficiaires de l’allocation handicap : certains, en très grande dépendance physique, perdront jusqu’à 10 000£ par an.
La gauche ne devrait pas céder aux sirènes de la guerre en oubliant que celle-ci naît aussi de la misère. Londres va réduire l’aide au développement de 6 milliards de £ pour financer la hausse des dépenses de défense. La ministre de la Coopération internationale Anneliese Dodds a démissionné en signe de protestation mais la mesure a été maintenue.
La gauche ne devrait pas laisser l’extrême-droite prospérer dans ses anciens bastions électoraux sans chercher à contrer son discours. Dans tous les sondages électoraux depuis plusieurs mois, le parti Reform de Nigel Farage est donné en tête, devant le Labour et les Tories. L’extrême-droite avait obtenu 14,3% des voix aux élections de 2024 ; elle a progressé de 10 points en l’espace de quelques mois.
La morale de l’histoire ? Ceux qui veulent appliquer les recettes d’hier sont condamnés à l’échec. Sans progression du niveau de vie, sans préservation de l’environnement, sans amélioration des services publics, la gauche ne suscite que ressentiment chez ses électeurs. En Grande-Bretagne et ailleurs…