Rugby : l’insoutenable légèreté de Macron

par Valérie Lecasble |  publié le 10/09/2023

Emmanuel Macron a retardé sa venue au sommet du G20 à New-Dehli…pour cause de Coupe du Monde de rugby

Emmanuel Macron lors de la oupe du Monde e Rugby- Photo Victor Joly /

Quand on est Président de la République de la cinquième puissance du monde, quel est le sujet prioritaire ? Le match France-All Blacks en ouverture de la Coupe du monde de rugby ? Ou bien le destin de la planète ? Pour Emmanuel Macron, c’est le rugby !

S’il a maintenu vendredi soir son intervention devant 15 millions de téléspectateurs, ce n’est pas qu’il avait quelque chose d’important à leur dire, mais seulement qu’il souhaitait tirer le bénéfice populaire d’une éventuelle victoire de la France contre La Nouvelle-Zélande.

En réalité, il apparaît tendu et crispé et se fait bruyamment siffler par les 80 000 supporters du Stade de France. Une contre-performance.

Conspué au rugby, Emmanuel Macron s’est en même temps dévalorisé auprès de la trentaine de Chefs d’État qui l’attendaient pendant ce temps au G20. Ayant dû reporter le décollage de son avion pour avoir le temps d’assister au match, il est arrivé bon dernier à New Delhi après s’être fait remarquer pour avoir séché la séance d’ouverture.

Une indélicatesse manifeste vis-à-vis du Premier ministre indien Narendra Modi qui avec 1,42 milliard d’habitants se revendique comme le leader des pays du Sud. Et un sujet de moquerie pour les autres participants.

Cette légèreté demeure incompréhensible lorsque l’on sait que le G20 réunit une seule fois par an les Chefs d’État des 19 pays les plus développés, en plus de l’Union européenne, soit 85 % du PIB mondial auquel va désormais se joindre un nouveau membre, l’Union africaine. C’est dire l’importance de cette instance de concertation internationale qui traite d’enjeux cruciaux comme la guerre en Ukraine, le changement climatique ou le système financier mondial. Chaque voix compte tant est violent l’affrontement entre les États-Unis et la Chine pour le contrôle du monde.

Or, le bilan de ce G20 est maigre. Pour la première fois, il a échoué à trouver un consensus pour dénoncer l’agression russe en Ukraine, ce qui a déçu Kiev et ravi Moscou. En outre, ses engagements sur le climat sont faibles : si les membres ont accepté de tripler les énergies renouvelables d’ici à 2030, ils ne se sont engagés sur aucune date de sortie du charbon ou des énergies fossiles, pétrole et gaz.

« C’est insuffisant » a dû reconnaître Emmanuel Macron à l’issue du sommet. De quoi lui faire regretter de ne pas avoir jeté toutes ses forces dans la bataille.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique