Russie : de Wagner à l’Africa Corps
La nouvelle appellation du groupe Wagner suggère une admiration pour l’unité mythique du maréchal Rommel. Poutine marche-t-il dans les traces du IIIe Reich ?
Dimitri Outkine, issu du sinistre service de renseignements militaire russe (GRU), et fondateur du groupe Wagner, était un grand admirateur de Hitler et du IIIe Reich en même temps qu’un séide de Poutine. D’où le nom de l’illustre compositeur, si apprécié par les nazis, donné à son groupe que l’on a toujours eu tort de confondre avec une simple troupe de mercenaires.
Prigogine, en a fait non seulement une redoutable armée privée redoutable, engagée notamment en Ukraine, mais plus encore une véritable entreprise œuvrant principalement en Afrique. Les nombreuses affaires (notamment dans les mines, les métaux précieux ou les essences rares) qu’il y a développées, en collusion très étroite avec les services et l’armée russes, l’avaient prodigieusement enrichi, lui et le pouvoir russe.
Au point que l’on peut se demander si en définitive cette armée privée n’a pas davantage protégé son « business » qu’elle n’a servi de supplétifs aux différentes armées africaines auxquelles elle a apporté son concours, en Centrafrique, au Mali, en Libye, au Burkina ou demain au Niger.
Prigogine et Outkine sont tous les deux morts dans le même « accident » d’avion consécutif à leur rébellion. Poutine ait choisi un nouvel habillage de ce que fut leur groupe désormais désigné comme « Africa Corps », prêterait presque à sourire tant cette appellation est le symbole d’une défaite du IIIe Reich, celle d’El-Alamein, en juillet 1942.
Africa Corps se présente comme « le nouveau label de la présence russe au Sahel » pour reprendre un titre du « Monde. »
Le vice-ministre russe de la Défense Iounousbek Evkourov semble être l’homme-orchestre de ce nouveau dispositif, à nouveau en lien très étroit avec le GRU. La tournée qu’il a effectuée cet été, au moment même de la mort de Prigogine, apparait comme une reprise en mains des affaires du groupe en Afrique. En témoigne la liste des pays visités, Libye, Mali, Burkina et Niger, sans compter la Centrafrique maintes fois parcourue.
Outre les questions militaires, matérielles et logistiques notamment, ces visites avaient pour objectif de s’assurer de la poursuite des affaires, le cas échéant en y nommant de nouveaux responsables. Poutine semble avoir bien retenu la leçon de l’ère Prigogine : plus question de laisser le groupe prendre trop d’autonomie et leurs chefs se parer trop souvent des plumes du paon. La structure envisagée pour Africa Corps s’apparentera davantage à une entité spéciale dépendant du ministère de la Défense. Les affaires sahéliennes sont trop florissantes pour qu’elles soient abandonnées.
L’Africa Corps garantira davantage le « hard » comme le « soft power » russe que l’ex-Wagner, tout en ayant vocation à absorber progressivement ses activités et ses personnels. Car cette nouvelle entité correspond aussi à une extension de l’emprise militaire russe au Sahel, mais aussi à ces confins, en Libye, au Soudan ou en Centrafrique.
Dans ce dernier pays, la situation semble désormais clarifiée avec l’arrivée du « diplomate » Denis Pavlov, chargé de reprendre en mains non seulement la sécurité personnelle du président Touadéra et de son gouvernement ,mais aussi les nombreuses affaires associées, parmi les plus lucratives. On voit mal Poutine abandonner pareil marché du diamant !