San Francisco folies

par Yoann Taieb |  publié le 21/03/2023

La mairie démocrate de San Francisco a formulé des recommandations explosives

visant à réparer les injustices subies par les populations noires

 

Capture d’écran ( D.R )

Parmi la centaine de propositions, suppression des impôts, annulation des dettes, revenu annuel de 100 000 dollars par adulte noir éligible pendant 250 ans, acquisition d’une maison pour 1 dollar pour chaque famille.

La population noire de San Francisco représente aujourd’hui 6% des habitants de la mégalopole (contre 13% il y a 50 ans) mais 38% des Sans-abris de la ville. D’après la commission ce triste constat est le résultat des politiques publiques menées depuis la fin de l’esclavage en 1865.

C’est pourtant “récemment” que les principaux coups de boutoir ont eu lieu. Dans la période s’étalant des années 50 aux années 70, la politique de “renouvellement urbain” a engendré le déplacement de plus de 20 000 personnes et la démolition, au nom du développement économique, d’un quartier florissant occupé par des populations noires.

À l’avant-garde du combat pour la réparation des injustices, laCalifornie a créé en 2020 une commission visant à réparer les méfaits du racisme systémique, mis en lumière par de nombreuses études démontrant que les populations noires ont été invariablement désavantagées par les politiques publiques.

Ces besoins de rééquilibrage des méfaits de l’histoire, ou de réparation des biais discriminants des politiques publiques, sont universels et touchent toutes les sociétés modernes. Dans nos contrées françaises on peut citer les gestes répétés envers les harkis ou bien les plans banlieue successifs qui obéissent aux mêmes logiques de rétablissement – a posteriori – d’une forme d’équité.

Pour autant, le plan de la commission californienne interpelle par son ampleur, par son approche et par la radicalité de ses propositions. Il s’appuie sur une approche communautariste assez classique aux États-Unis, mais il est ici complété d’un assaisonnement woke qui peut nous interroger.

À nouveau l’histoire ne semble lue que par un prisme négatif et les protagonistes sont irrémédiablement catégorisés comme oppresseurs ou alors comme oppressés. Si une personne se retrouve tristement dans le camp des victimes alors les indemnités proposées, qui s’étalent sur des périodes de 250 ans, suggèrent que ce statut de victime est acquis à perpétuité.

Aussi, les 100 mesures de réparation proposées ne sont pas toutes financières mais les plus marquantes le sont indéniablement, suggérant que c’est par l’argent que l’on peut se faire pardonner ou mieux, vivre son statut de victime avec sérénité.

Yoann Taieb