Sànchez : le prix d’une investiture
Trois mois après les élections législatives anticipées en Espagne, Pedro Sanchez est sur le point d’être reconduit Premier ministre… à condition d’amnistier 3000 Catalans condamnés
Pedro Sánchez, actuellement Premier ministre par intérim, devrait bientôt prêter serment pour un deuxième mandat suite à un accord conclu entre son parti, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), et la Gauche républicaine de Catalogne. Cet accord vise à répondre à la dernière exigence de ce dernier, qui était que le parlement adopte une loi d’amnistie pour les personnes impliquées dans la tentative de sécession de 2017. Le premier vote d’investiture, souhaité en majorité simple par les socialistes, pourrait se dérouler dès la semaine prochaine. Pedro Sánchez va faire pression sur son parti pour accélérer les négociations, dans le but de prendre part au congrès du Parti socialiste européen (S&D) à Malaga les 10 et 11 novembre en tant que Premier ministre espagnol.
En échange, il fera amnistier les sécessionnistes catalans. La loi protégera les personnes ayant fait l’objet d’une enquête dans des affaires liées aux tentatives indépendantistes du mouvement « Tsunami démocratique » et aux Comités de défense de la République. Elle doit « inclure toutes les représailles politiques », dixit Patrícia Plaja, porte-parole du gouvernement régional de Catalogne, c’est-à-dire toutes les personnes poursuivies pour ce qu’il s’est passé en 2017, mais aussi pour des affaires antérieures.
Il faut rappeler que les Comités de défense de la République ont été fondés en 2017 pour demander un référendum sur l’indépendance juste après que la Cour constitutionnelle a suspendu et déclaré illégal celui qui s’est tenu en Catalogne le 1er octobre. Ces événements avaient valu à Carles Puigdemont, le leader catalan, de fuir en Belgique. Des hauts placés du parti Gauche républicaine de Catalogne ont révélé en off que le texte de la future loi d’amnistie ne mentionnera pas la nature criminelle présumée du référendum du 1er octobre 2017, ainsi que le demande le parti JuntsxCat.
Cet accord est critiqué au sein du parti socialiste dont des membres ne veulent pas en entendre parler et se demandent comment ils feront oublier un « tel acte » d’ici les prochaines élections. À droite, Miguel Tellado, secrétaire adjoint du principal parti d’opposition au parlement, le Parti populaire (PP/PPE), parle de l’« hypocrisie » du PSOE et de « la plus grande attaque contre l’État de droit de notre histoire démocratique ».
En juillet, il a miraculeusement renversé la vapeur en sa faveur. Il lui reste désormais à prouver que les Espagnols ne se sont pas trompés.