Sarkozy se vend mal

par Valérie Lecasble |  publié le 30/09/2023

L’ancien Président de la République est rattrapé par les affaires, son camp politique le boude, sa stratégie d’élargissement de la majorité présidentielle achoppe, les ventes de son dernier livre sont en chute libre. Comme lui?

L'ancien président français Nicolas Sarkozy lors d' une séance de dédicace de son dernier livre, à Arcachon, le 25 août 2023 -Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP

l a remué ciel et terre pour assurer la promotion de son livre. On l’a vu partout, se faire interviewer dans tous les médias. Nicolas Sarkozy n’a pas ménagé sa peine pour vanter les mérites du dernier tome de sa trilogie, « Le Temps des Combats ». Résultat : des ventes décevantes pour un ancien président de la République : 53 511 exemplaires écoulés au bout de quatre semaines, soit deux fois moins que les 105 566 exemplaires du tome précédent, « le Temps des tempêtes ».

Normal, diront ceux qui ont réussi à lire jusqu’au bout les 527 fastidieuses pages de ce livre, sans chapitre ni structure, toutes écrites à la première personne du singulier où Nicolas Sarkozy parle exclusivement de lui, de lui et de lui.

Comment il a vécu telle réunion du G20, ce qu’il pense d’Angela Merkel et qui mérite les bons et les mauvais points qu’il décerne… Sarko selon Sarko. On vibre.

La question aujourd’hui est de savoir si ce sont simplement les lecteurs qui se détournent de Nicolas Sarkozy, lassés de son approche narcissique de la vie politique ou bien s’il est plus sérieusement démonétisé.

La réalité est que, depuis qu’il n’a pas soutenu son camp à l’élection présidentielle de 2022, refusant d’appeler à soutenir la candidate LR naturelle Valérie Pécresse, ses anciens amis se sont l’un après l’autre éloignés de lui. Et la stratégie qu’il a imaginée de passer une alliance entre LR et la majorité présidentielle, afin qu’Emmanuel Macron puisse compter sur une véritable majorité à l’Assemblée nationale, n’a pas été couronnée de succès : pas un seul député LR n’a répondu à son appel.

Pendant qu’il ferraille en politique dans un combat de plus en plus illusoire, son quotidien est rattrapé par les affaires. Le 25 août dernier, le procureur national financier a demandé son renvoi en correctionnelle en raison des soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007. Une épée de Damoclès qu’il portera jusqu’à son jugement en 2025.

D’ici là, Nicolas Sarkozy, déjà condamné à trois ans de prison dont un ferme dans l’affaire des écoutes téléphoniques, s’est pourvu en cassation. Et le 8 novembre prochain, débutera pour un mois son procès en appel dans l’affaire Bygmalion, celle des comptes de campagne de 2012 qui l’a déjà encore conduit à être condamné à un an de prison ferme en première instance. C’est beaucoup pour un donneur de leçons, même teinté d’une gloire passée dénuée d’élégance. `

Récemment, Nicolas Sarkozy s’est encore permis de pointer du doigt « l’embonpoint » de François Hollande. Lui, lui et lui ne se remettent toujours pas, dix années plus tard qu’il l’ait battu à l’élection présidentielle…

Un titre pour son inévitable troisième livre ? Peut-être « Le temps des désillusions ».

Valérie Lecasble

Editorialiste politique