Sauvez l’Ukraine !
La situation se dégrade sur le front de l’est et Vladimir Poutine peut désormais envisager la victoire. L’Union européenne doit se hisser à la hauteur de l’enjeu et mettre toute son énergie à prévenir ce qui serait pour elle une calamité historique.
On peut retourner les informations venues du front ukrainien dans tous les sens, ratiociner et chercher à se rassurer à bon compte, leur signification globale n’est pas douteuse : Vladimir Poutine ne cesse de marquer des points et les soldats ukrainiens doivent déployer des trésors de résilience et d’héroïsme pour empêcher l’armée russe d’effectuer une percée décisive. La population est soumise à des destructions continues qui la démoralisent, les villages tombent les uns après les autres, les troupes de Volodymyr Zelenski tiennent le front avec des difficultés croissantes.
Cette mauvaise passe a une seule origine : le retard criminel avec lequel les alliés de Kiev ravitaillent l’Ukraine en munitions et en matériel. Les artilleurs ukrainiens ne peuvent répliquer qu’une fois sur dix aux tirs des canons russes et doivent souvent abandonner des positons fautes de pouvoir les défendre efficacement ; l’aviation de Kiev ne peut contrôler son propre espace aérien, par manque de missiles et faute de disposer des appareils modernes capables de faire pièce aux bombardiers et aux chasseurs russes. Pendant plusieurs mois encore, il faut le craindre, ce déséquilibre des forces va placer l’Ukraine dans un péril mortel.
Fenêtre
Sachant cela, Poutine continue de renforcer son dispositif, de remanier son commandement pour le rendre plus agressif et de manifester une confiance d’acier dans sa victoire finale. Il sait qu’il dispose d’une fenêtre de quelques mois pour mettre fin au conflit à son avantage. Il est décidé à exploiter cette brèche, ouverte en fait par la coupable inertie des démocraties. Il sait aussi que le conflit en cours à Gaza détourne l’attention de la guerre en Europe et contraint les gouvernements occidentaux à diviser leurs efforts diplomatiques, alors même que la guerre d’Ukraine porte atteinte, bien plus que le conflit du Proche-Orient, à leurs intérêts essentiels. En prolongeant indéfiniment la guerre de Gaza, Benyamin Netanyahou se fait l’allié objectif de Poutine, tout comme il favorise l’élection de Donald Trump, qui ne manquera pas de tirer le tapis sous les pieds de Zelenski s’il est élu.
Dans ces conditions, tout démocrate conscient en Europe doit retrouver le sens des priorités. L’urgence internationale de l’heure, c’est d’accélérer à tout prix les livraisons d’armes et de munitions au pays agressé et d’adopter vis-à-vis de Poutine une posture implacable en affirmant haut et fort que l’Europe ne laissera en aucun cas tomber l’Ukraine. Alors seulement l’Union aura respecté ses propres valeurs et mis ses actes en cohérence avec ses intérêts historiques et stratégiques.