Ségolène Royal, la Jeanne d’Arc de LFI

par Laurent Joffrin |  publié le 27/08/2023

L’ancienne candidate à la présidence propose de prendre la tête d’une liste LFI. Un désir d’avenir toujours aussi impérieux…

Laurent Joffrin

Pour éviter de voir se constituer une liste socialiste aux prochaines européennes, Jean-Luc Mélenchon est décidément prêt aux solutions les plus extrêmes, aux gestes les plus désespérés. C’est ainsi qu’il envisage de confier la tête de liste LFI à Ségolène Royal.

Si ce mariage incongru est conclu, une ère nouvelle s’ouvrira pour LFI, qui mettra à l’épreuve la bravitude des insoumis. Eux qui prônent la rupture, la radicalité, devront se rallier à « l’ordre juste » plaidé par l’ancienne candidate à la présidence de la République. Eux qui estiment que les émeutiers de juin exprimaient une légitime colère devront désormais proposer d’imposer un encadrement militaire aux jeunes délinquants, solution avancée en 2007 par leur nouvelle porte-parole, ou de les mettre à genoux en pénitence, comme les policiers qui l’ont fait en 2018 à Mantes-la-Jolie et qu’elle a approuvés.

Plus question non plus de conspuer Emmanuel Macron à tout propos. On devra l’applaudir quand il le faut, comme Ségolène Royal le 1er mai 2017 au meeting du candidat En Marche. Enfin Jean-Luc Mélenchon devra changer de style pour mieux coller à celui de sa candidate. On le verra désormais s’adresser aux foules en chasuble blanche, prêchant d’une voix qui susurre : « aimez-vous les uns les autres ! ».

À moins que cette conversion leur soit épargnée, symétriquement remplacée par celle de leur nouvelle représentante. Ségolène Royal est totalement indépendante, en ce sens que personne ne la soutient. Elle peut donc changer d’avis en toute occasion, selon l’opportunité, sans que personne ne puisse la contredire. Elle a déjà fait plusieurs pas vers LFI, par exemple en déclarant que « c’est l’Occident qui le premier a agressé la Russie ».

Il lui reste à renier une fois pour toutes les engagements européens qui ont été les siens pendant le plus clair de sa carrière, auprès de François Mitterrand, de Jacques Delors et du Parti socialiste, pour adopter la thématique LFI sur l’Union européenne, ce qui lui permettra de regagner la crédibilité que certains lui contestent.      

Laurent Joffrin