Semaine de Pâques à Jérusalem (1)
Dimanche 16 avril. Jérusalem, « Porte de Jaffa, l’odeur de la fleur d’oranger ».
Entre les fêtes de Pâques et la célébration de l’Indépendance de l’Etat hébreu, une semaine en Israël entre politique et Shoah
Il fait doux à l’arrivée à Jérusalem. Dans la grande rue piétonne qui relie les beaux quartiers de l’Ouest à la porte de Jaffa, il règne une fausse atmosphère enjouée de ville méditerranéenne au printemps. Il faut entrer dans la vieille ville pour ressentir la tension, monter par petites touches. En plein Ramadan, hommes, femmes et enfants se dirigent à travers les petites rues commerçantes pour converger vers l’Esplanade
des Mosquées. Plus tard, à l’heure de la rupture du jeûne, on se pressera boire le thé et manger des gâteaux à la fleur d’oranger dont l’odeur, déjà, envahit les ruelles. Au Mur des Lamentations, séparé entre hommes et femmes, les visages sont très jeunes, les regards concentrés. Il est 21 heures. Pour chaque communauté, le temps est celui de la prière.
Tout à l’heure, Frédéric Aguilera a devancé d’un sourire celui de ses interlocuteurs – « Je suis le maire de Vichy » – en homme habitué à ce que l’énoncé du nom de sa ville, emblématique de la France de Pétain, suscite un instant de trouble. L’élu a organisé trois journées de rencontres organisées avec Serge Klarsfeld.
En ouverture, avec Pierre-François Veil, Président du Comité français pour Yad Vashem, ils auront remis la médaille des » Justes parmi les Nations » au bénéfice d’Etienne Espinel, un ancien buraliste, le dixième à être ainsi distingué dans une ville désormais fermement engagée dans un travail de mémoire.
Ce sont bien ces Justes, hommes et femmes reconnus pour avoir sauvé la vie d’un ou de plusieurs juifs pendant la guerre, qui réunissent cette délégation, composés d’élu(e)s français venus d’Auxerre, de Libourne, du Puy en Velay ou des Lilas à Paris, mais aussi des petites municipalités de Donnemarie-Dontilly, Hattenville, Nespouls, Lesterps. Chaque année, une délégation des quelques 142 communes du réseau se rend en Israël.
Dans l’avion, ils échangent leurs histoires locales, des histoires ordinaires et extraordinaires de Justes, emblématiques d’un héroïsme qui n’a jamais voulu se considérer comme tel. Ils le répètent avec force: « l’antisémitisme, nous, on l’entend ».