Semaine de Pâques à Jérusalem (3)
Lundi 17 avril. Nuit sur Jérusalem. Six flammes dans la nuit de la Shoah.
Entre les fêtes de Pâques et la célébration de l’Indépendance de l’Etat hébreu, une semaine en Israël entre politique et mémoire.
Le jour décline sur le mémorial de Yad Vashem où se déroule en plein air la cérémonie annuelle de Yom HaShoah dédiée à la commémoration de la Shoah. Une cérémonie qui s’inscrit dans un bref moment d’accalmie politique avant la fête de l’Indépendance d’Israël du 26 avril.
La courte « pause » de son projet de réforme de la justice décrétée par le gouvernement n’a pas éteint la mobilisation qui amène chaque samedi des centaines de milliers de manifestants à défiler dans les rues de Tel-Aviv.
Vingt heures. Le Président Herzog prend la parole. Tout le monde se lève. Il fait nuit. « Cette année, les sentiments sont lourds, une grande divergence repose sur nos épaules ». Silence.
Benjamin Netanyahou, Premier ministre, prend la suite, mais ne fait aucune aucune allusion politique. Le Président Herzog parle encore d’un projet méconnu, un Musée des crânes et des squelettes de la race disparue, imaginé à Strasbourg par un nazi, le professeur August Hirt. Quatre-vingts déportés d’Auschwitz furent conduits au camp alsacien du Struthof pour être exécutés et dépecés.
Il fait frais maintenant sur l’esplanade du musée de Yad Vashem. Six survivants de la Shoah allument les six « Flambeaux de la mémoire » au moyen de longues torches. Chacun porte un million de morts sur ses épaules. Ils ont les uns et les autres dix, vingt, trente petits-enfants, comme une réponse manifeste au génocide.
Les six flammes brûlent dans l’obscurité. On distingue encore une grande statuaire en bronze du sculpteur Nathan Rapoport , né en Pologne, une allégorie de la lutte du ghetto de Varsovie.
Le lendemain, à 10 heures, de puissantes sirènes retentissent. Elles résonnent dans tout le pays. Au lendemain de la commémoration de Yom HaShoah, Israël se fige pendant deux minutes. Les voitures s’arrêtent sur la route, les gens qui font leurs courses, ceux qui se promènent, étudient ou travaillent, tous stoppent net leur activité. Tout un pays fait silence.