Social : retour au dialogue sur les salaires
La conférence sociale sur les bas salaires s’ouvre enfin aujourd’hui. Une des avancées du quinquennat Hollande, reprise avec réticence et retard, par Emmanuel Macron. Par Yves Barou
Contrairement à une fausse idée, le dialogue social se porte plutôt bien en France au niveau des entreprises et des branches. Même s’il est plus difficile au niveau national. D’où l’importance des quatre conférences sociales du quinquennat Hollande : écoute réciproque des syndicats patronaux et de salariés dans le cadre du CESE (Conseil économique, social et environnemental), rapport d’expert, diagnostic partagé, établissement d’une feuille de route ; une méthode qui a fait ses preuves, mais qui a été abandonnée en 2017 avec les conséquences que l’on connaît !
En tout cas, ces « corps intermédiaires » tant décriés, organisations syndicales et patronales, se retrouvent aujourd’hui, avec le gouvernement, pour traiter des bas salaires en période d’inflation.
Si le pouvoir d’achat global de la population active n’a pas reculé au cours des dernières années, compte tenu des créations d’emploi, la hausse des produits alimentaires se fait sentir durement sur les travailleurs pauvres.
Certes, le SMIC a suivi les prix, mais, ce faisant, a tassé les premiers niveaux des conventions collectives, renforçant la « trappe » pour les bas salaires décrites par les économistes. Augmenter le salaire net d’un salarié proche du SMIC peut, du fait de la perte des allègements de cotisations, coûter très cher à l’entreprise et donc la dissuader !
Difficile en effet de trouver des solutions justes quand du fait d’un prélèvement extérieur (prix de l’énergie), la collectivité française s’appauvrit ! Les solutions démagogiques, comme le retour à l’indexation des salaires sur les prix – abandonnée pour éviter un emballement inflationniste en 1983 – seront de nouveau mises en avant par les plus radicaux qui ne se soucient guère de faisabilité.
Mais derrière ces fumeroles, deux vrais sujets devraient être abordés :
– l’égalité homme-femme, qui a fait des progrès, mais reste un chantier ouvert, doit attirer l’attention sur le travail partiel contraint, avec souvent des horaires décalés, qui est le mécanisme le plus violent pour générer des travailleuses pauvres.
– La nécessité d’une mesure de redistribution lisible et permanente pour que la transition énergétique ne se traduise pas par un recul de pouvoir d’achat des travailleurs les moins rémunérés, en d’autres termes pour que cette transition soit juste et donc acceptable.
Yves Barou est Président du Cercle des DRH Européens