Sommet à Paris : deux jours pour sauver le monde
Pour lutter contre la pauvreté et l’urgence climatique, les chefs d’État des pays pauvres et les hautes instances financières internationales, réunis jusqu’au 23 juin à Paris, vont tenter de trouver des solutions communes
Le « nouveau pacte financier mondial » a pour ambition de réduire la pauvreté dans les pays les plus défavorisés où elle s’accroît depuis la nouvelle crise économique mondiale. Il vise aussi à aider les pays en développement à trouver les moyens de financer l’urgence climatique. Il a enfin pour objectif lointain de réformer des règles financières internationales, datant de la Seconde Guerre mondiale, devenues obsolètes.
Utopie ? Emmanuel Macron a eu l’idée de faire se rencontrer les personnes concernées pour tenter d’avancer. D’un côté, les chefs d’État ou leurs représentants des pays dits pauvres qui ont répondu présents sous la houlette de La Barbade comme le Niger, l’Éthiopie, l’Inde, le Congo, l’Égypte, l’Afrique du Sud, la Colombie, le Rwanda, la Tunisie, le Tchad, le Sri Lanka, le Sénégal, le Pakistan ou le Kenya.
De l’autre, les « sachants » qui sont censés les aider : des experts, économistes ou bien personnalités incontournables de la haute finance publique internationale, comme la Secrétaire au Trésor des États-Unis, le président de la Banque Mondiale, la présidente du Fonds Monétaire International, ou encore celle de la Banque Centrale européenne, la Française Christine Lagarde.
Mille cinq cents personnes vont tenir des tables rondes au Palais Brongniart, symbole parisien de la finance. L’enjeu est crucial. Il s’agit de trouver pour les pays défavorisés 2400 milliards de dollars par an d’ici à 2030, soit 6,5 % de leur PIB, pour répondre à l’urgence climatique. Il s’agit aussi de doubler l’insuffisante aide publique au développement afin d’atteindre enfin les 0,7 % du revenu national brut depuis longtemps édicté, mais jamais appliqué.
On connaît l’impossible équation : avec le Covid, la guerre en Ukraine et la hausse des taux d’intérêt, les pays dits riches ont déjà tout le mal du monde à faire face à leur propre dette. Comment dans ces conditions voudraient-ils aider à juguler celle des autres ?
Si rien n’est fait, le risque est d’aggraver la crise mondiale et d’agrandir la fracture déjà béante entre les pays du Nord et ceux du Sud. Et de crisper tous ceux qui ne comprennent pas pourquoi on leur demande aujourd’hui de participer à la lutte contre le réchauffement climatique alors qu’ils ont, en priorité, besoin de croissance.
Deux jours pour sauver le monde ? Quelques pistes sont avancées comme le relèvement de la capacité de financement de la Banque Mondiale, la sécurisation des investissements privés ou encore l’instauration d’une taxe maritime. Même adoptées, elles ne suffiraient pas.
L’intérêt de ces deux jours est d’appeler à ouvrir les yeux sur le risque qu’il y aurait à continuer de ne rien faire. Celui de gravement déséquilibrer l’ordre financier international. Et de contribuer à dégrader notre planète.