Sondage LeJournal-Viavoice : Marine Le Pen, la percée tranquille
Spectaculaire résultat pour notre enquête exclusive sur la crédibilité de Marine Le Pen : le RN est désormais accepté comme un parti de gouvernement
Tandis que Jean-Luc Mélenchon s’enfonce dans la radicalité vindicative et entraîne avec lui le reste de la gauche, la cheffe du RN poursuit, par contraste, sa politique de banalisation et de crédibilisation. Une stratégie payante.
Inévitable.Comme ces tactiques symétriques sont à l’œuvre depuis des mois, le résultat était inexorable. Notre sondage exclusif LeJournal -Viavoice en apporte la démonstration éclatante.
Sondage implacable, sondage effrayant à beaucoup d’égards : quand on demande aux personnes sondées quelle est la personnalité la plus compétente pour gouverner la France, Marine Le Pen arrive en seconde position. Seul Édouard Philippe la surclasse nettement dans ce domaine.
Tous les autres – tous – arrivent derrière elle, d’abord des leaders de droite et ensuite, plus loin derrière, des personnalités de gauche. Et encore ce sont des hommes – Bernard Cazeneuve, François Hollande – qui ont déjà exercé les plus hautes responsabilités.
Révélateur : Les leaders qui occupent la scène médiatique, souvent de manière outrancière ou agressive, dont Jean-Luc Mélenchon, se retrouvent dans le troisième tiers du tableau. Enfin, Olivier Faure, Marine Tondelier, Yannick Jadot ferment la marche. Avec Éric Zemmour. Pour parler clair, les leaders de la Nupes sont cruellement taxés d’incompétence par près de la moitié des personnes interrogées.
Plus inquiétant encore : un tiers des sondés, au moins, jugent Marine Le Pen à la hauteur dans la plupart des domaines, qu’il s’agisse de sécurité, d’immigration – on s’en doutait – mais aussi d’économie, de social, de paix sociale et même d’écologie et de politique européenne. C’est-à-dire nettement plus que les électeurs prêts à voter pour elle.
Et comme toujours, c’est dans les milieux ouvriers, ceux que la gauche était censée jadis représenter, que la cheffe du RN réalise ses meilleurs scores.
Seule corde de rappel : si 29% des sondés sont « enthousiastes » ou « confiants » à l’idée d’une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle, ils restent 47% à se dire « inquiets » ou « effrayés ». Rappelons néanmoins que ceux-ci avaient été 80% à voter contre Jean-Marie Le Pen en 2002. Vingt ans plus tard, sa fille a gagné 33 points sur ce chapitre…
La vérité des chiffres. Il n’est guère besoin de commenter plus avant cette enquête, la première du genre depuis longtemps : les chiffres parlent d’eux même. En dépit d’un programme notoirement extrême sur les questions régaliennes – ordre, sécurité, immigration notamment – et socialement irréaliste, le Rassemblement national a gagné dans l’opinion ses galons de parti de gouvernement.
La gauche en tirera-t-elle les leçons nécessaires ? Reconstruira-t-elle son image de force responsable, prête à saisir les rênes du pays pour mettre en œuvre les réformes de grande ampleur qui s’imposent ? À en juger par son comportement des derniers mois, nous en sommes loin.
( Pour en savoir plus, lisez le détail du sondage et les réactions )