Sophia Aram et l’extrême-gauche voilée

par LeJournal |  publié le 13/08/2024

Les moqueries de l’humoriste envers une athlète voilée suscitent l’indignation agressive de la gauche radicale. Nouvel épisode d’un assaut continu contre les valeurs de la République.

La brigade des bigots du populisme a encore frappé. Hier, Sofia Aram, humoriste laïque dont le talent et le succès l’ont changée en cible obsessionnelle de la gauche radicale, se moque du foulard islamique arborée par la marathonienne Sifan Hassan lors de sa remise de médaille olympique. Blague anodine au demeurant, mais à la connotation très politique : grande championne, cette coureuse de fond hyper-titrée a utilisé les JO comme une tribune pour promouvoir ses convictions politico-religieuses, ce qui peut légitimement susciter la critique.

Aussitôt les porte-parole du nouveau puritanisme ont réagi, tel le chœur des croyants outragés. La mère supérieure de EELV, Sandrine Rousseau, édicte un tweet indigné par ce « manque de respect ». Sœur Ersilia Soudais, députée LFI, fustige une humoriste « islamophobe ». Quant au révérend père Edwy Plenel, directeur de conscience à Mediapart, il dédie à la coureuse de fond un cantique inspiré par le ciel : « Le hijab de la championne néerlandaise Sifan Hassan en joyeuse réponse à l’archaïque interdiction française du voile pour les sportives. » Haro sur Aram, donc.

À vrai dire, ces mises à l’index ne font que prolonger une persistante catéchèse aux arrière-pensées très politiques. Pour une bonne partie de l’extrême-gauche, le voile islamique est devenu un étendard qui tend à se substituer au trop laïque drapeau rouge. Symbole pourtant évident de la soumission exigée des femmes par la version rigoriste de l’islam, le voile sert de symbole, tel le panache blanc d’Henri IV, à l’alliance désormais officielle entre gauche radicale et islam du même nom. Féminisme à géométrie variable…

Le tout au nom de la liberté bien sûr. On connaît l’argument spécieux servi jusqu’à plus soif : les pays qui interdisent le voile islamique sont le miroir inversé de ceux qui l’ont rendu obligatoire. Afghanistan, Iran, Arabie saoudite ou République française, c’est du pareil au même : dans les deux cas, il s’agit « de contrôler le corps des femmes ».

Pur sophisme, en fait. La République, soucieuse de tenir l’école à l’écart du prosélytisme, interdit dans les salles de classe les « signes ostensibles » d’appartenance religieuse, pour les hommes comme pour les femmes. Tenus à la neutralité, certains services publics font de même. Quant au Comité olympique, il proscrit les manifestations politiques ou confessionnelles en général, faute de quoi les compétitions deviendraient vite des occasions permanentes de propagande pour les causes les plus diverses, des plus inoffensives aux plus contestables.

En France, les contrevenants ou contrevenantes ne risquent pas grand-chose, sinon la mise à l’écart de ces activités scolaires ou sportives. En revanche, les pays qu’on met en équivalence et qui rendent le voile obligatoire, usent de moyens autrement vigoureux. L’association de défense des droits humains Amnesty International rappelle ainsi le régime en vigueur dans l’Iran des mollahs : depuis près de six mois, les autorités iraniennes ont renforcé la répression des femmes qui ne portent pas le voile (ou le portent de manière inappropriée) dans les lieux publics en mettant en place une surveillance généralisée des femmes et des filles dans l’espace public et en procédant à des contrôles de police massifs, ciblant notamment les femmes qui conduisent (…)

La loi renforcée qu’elles se disposent à promulguer prévoit des sanctions financières pour la « promotion de la nudité » ou la « moquerie du hijab » dans les médias et les réseaux sociaux (…). Au maximum, toute personne qui commet le délit de « ne pas porter de voile ou de porter des vêtements inappropriés en coopération avec des gouvernements, des médias, des groupes ou des organisations étrangères ou hostiles » à la République islamique « sera condamnée à une peine d’emprisonnement du quatrième degré soit entre cinq et dix ans. »

En fait, cette fausse équivalence entre prohibition dans certains lieux spécifiques et obligation générale imposée manu militari, n’a d’autre objet que de discréditer la laïcité formant un des piliers de la République française, de manière à complaire aux activistes islamistes, qui sont aussi de précieux agents électoraux. Pourtant, la plupart des familles musulmanes se conforment aux règles en vigueur à l’école et la loi de 2004 sur les signes religieux ostensibles recueille l’approbation de la grande majorité des citoyens français.

Aussi bien, l’opinion, dans ses profondeurs, juge légitimes, ou du moins très acceptables, les moqueries des humoristes envers les religions. C’est ce consensus écrasant que les nouveaux zélotes du voile islamique cherchent à détruire en s’acharnant sur la courageuse Sophia Aram. Pour cette raison et pour d’autres, elle mérite les plus grands soutiens et encouragements.

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