Sophia Chikirou : tempête chez les Insoumis
Sophia Chikirou, intime de Mélenchon, est dans le viseur de la justice. Ses collègues dénoncent ses méthodes violentes. En point d’orgue, la prochaine émission de Complément d’enquête lui est consacrée
Directrice de la communication attitrée, députée de Paris, elle est, à 43 ans, une pièce maîtresse du renouvellement de l’image de Jean-Luc Mélenchon, dont elle est très proche. Sophia Chikirou a dirigé la stratégie de communication des deux dernières campagnes présidentielles du leader de La France insoumise (LFI) – plus de 20% des voix – co-fondé Le Média, organe de propagande insoumis, et orchestré le retour médiatique d’Adrien Quatennens, héritier présomptif du leader, après sa condamnation pour violences conjugales.
Voilà vingt ans que Sophia Chikirou gravite dans l’orbite de Mélenchon et de la politique. À 23 ans, elle devient assistante parlementaire du député-maire socialiste du 20ème arrondissement de Paris, Michel Charzat. En 2006, elle est la porte-parole de Laurent Fabius au cours de la primaire socialiste qui verra, finalement, Ségolène Royal triompher. Et quand Jean-Luc Mélenchon s’en va, elle le suit pour s’investir dans le Parti de Gauche.
La protégée du chef est maintenant au cœur de la tourmente. Déclarations et articles se multiplient contre elle. Pire, l’émission de France 2 « Complètement d’enquête » lui consacre un numéro ce jeudi soir.
Sophia Chikirou se voit reprocher d’avoir facturé via sa société Mediascop des prestations aux marges bien trop élevées comparées aux professionnels du secteur. La justice l’accuse également d’avoir reçu des remboursements par l’État de prestations jamais réalisées à LFI, en 2017, pour un montant de 1 million d’euros. Selon une expertise judiciaire révélée par Le Monde, Sophia Chikirou s’est reversé la totalité des gains de la campagne de 2017 en primes et dividendes.
Mais Chikirou fait aussi peur. Son comportement est décrit comme très agressif, et les langues se délient. Pendant les régionales de 2021, en vue des négociations pour le second tour en Île-de-France, elle a dénigré ouvertement la directrice de campagne du candidat écologiste Julien Bayou en déclarant : « C’est qui la stagiaire avec sa robe de chambre ignoble ? ». Émoi. Sophia Chikirou est exclue des négociations. Récemment, des journalistes de « Média » ont diffusé des messages où elle parlait de l’un d’entre eux comme d’une « tafiole de merde ».
Depuis son élection en tant que députée en juin 2022, elle a déjà épuisé onze assistants parlementaires et autant de stagiaires. Elle fait partie des députés affichant le plus important taux de rotation de collaborateurs.
Enfin, ses relations sont très tendues avec d’autres députés. Sur la conversation Telegram privée des élus LFI, la députée de Dordogne Pascale Martin exprime son avis quant à la prochaine réunion du bureau des députés. Sophia Chikirou, cash, répond : « Tu l’as passé à la presse aussi ? (…) Pas envie de faire semblant d’être camarade avec des gens qui espèrent exister en faisant les langues de pute »
La députée a demandé « des explications » quant à cette attitude qu’elle juge très « éloignée de la philosophie insoumise ». Mathilde Panot , elle, défend sa collègue en estimant… « sexiste de s’attaquer régulièrement aux femmes politiques ».
