« Supporter »
Novlangue. De Newspeak, George Orwell, « 1984 ». Langage convenu et rigide destiné à dénaturer la réalité
Dans la sphère médiatique, une fâcheuse habitude de langage se répand : l’utilisation du mot « supporter » en lieu et place de « soutenir ». Dans le sport, le « supporter » suit son équipe ou son sportif favori lors de déplacements pour apporter son soutien. Certains fans choisissent de s’organiser en formant des « clubs » ou des « groupes de supporters ».
Mais le terme est désormais appliqué à la politique puisque l’on retrouve souvent des phrases telles que « les Français supportent tel candidat », « 53 % des sondés disent supporter cette réforme », « on voit que cette décision n’est pas supportée par une partie de la population. »
La politique se voit confondue avec le champ lexical du sport . Concernant la politique et les opinions, il n’est pas question de « supporter ». Il s’agit de soutenir, approuver, ou accepter des idées. Imagine-t-on dire que l’on vote pour tel parti à une élection, car on est « supporter » de sa tête d’affiche ? Employer un vocabulaire sportif pour aborder des questions sociétales participe à la dimension « show » de la politique et, in fine, à sa déconsidération. Sport et politique, même combat ?
In-supportable, non ?