Syndicats : deux femmes en colère

par Valérie Lecasble |  publié le 06/06/2023

Deux femmes, Sophie Binet, 41 ans, CGT et Marylise Léon, 47 ans, CFDT, prennent les rênes des deux grandes centrales syndicales à l’heure des grandes négociations. Changement de génération ? Pas seulement

Sophie Binet, CGT, avec Laurent Berger, CFDT - Photo by Samuel Boivin/NurPhoto) (Photo Samuel Boivin / NurPhoto

Avec Philippe Martinez à la CGT et Laurent Berger à la CFDT, les ministres et chefs d’entreprise étaient en terrain connu. Deux hommes, aux alentours de la soixantaine, biberonnés depuis de longues années à la tradition de leur syndicat respectif et familiers de leurs arcanes. Ce 6 juin, la dernière manifestation contre la réforme des retraites a été leur baroud d’honneur. Il est temps de tourner la page.

Demain s’ouvre la discussion sur le pacte de la vie au travail voulu par Emmanuel Macron.
Laurent Berger a dessiné le cadre : « peser dans le rapport de forces pour les négociations qui vont s’ouvrir dans l’année ». Sophie Binet acquiesce « après le 8 juin, nous entrerons dans une nouvelle phase »

Toute la stratégie du gouvernement repose sur le plein emploi. La condition sine qua non d’une croissance française fondée sur le travail. Plutôt que d’augmenter les impôts pour combler les dettes et réduire les déficits, il faudrait, nous dit-on, augmenter les recettes en travaillant plus. Ce serait tout le sens de la réforme des retraites, de l’assurance chômage et demain, en conseil des ministres ,du RSA sous conditions.

Voilà où nos deux syndicalistes entrent dans la danse. Nouvelle génération, nouveau style, elles sont aussi expertes des nouveaux métiers.
Encore étudiante, membre de l’Unef, Sophie Binet s’est fait la main sur le contrat de première embauche (CPE). Elle a recueilli ensuite un million de signatures dans une pétition contre la loi Travail, avant d’accéder à la tête des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT. Elle sait de quoi elle parle.


Quant à Marylise Léon, l’emploi et le travail sont ses domaines de prédilection. Réforme du RSA, plein emploi, salaires, emploi des seniors ou pénibilité : les thèmes phares des négociations qui s’ouvrent n’ont pas de secrets pour elle. Sa première négociation interprofessionnelle, elle l’a menée sous Edouard Philippe sur la modernisation du dialogue social. Alors en première ligne , elle avait en vain tenté de trouver avec le Medef un accord sur l’assurance chômage.

Après six mois de contestation, les Français ne décolèrent pas. Selon un sondage Harris-Interactive, ils sont encore 55% à soutenir la mobilisation contre la réforme des retraites. Et encore 66% à souhaiter que la réforme ne soit pas appliquée.

Ils n’auront pas gain de cause. Mais pour améliorer leur vie au travail, ceux-là placent désormais tous leurs espoirs en deux femmes, jeunes, expérimentées, combattives. Qui n’ont pas le droit à l’erreur.

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Valérie Lecasble

Editorialiste politique