Syrie, le retour en grâce de l’État de barbarie

par Agnès Levallois |  publié le 10/05/2023

Qu’importe la guerre, la brutalité extrême du régime de Bachar al-Assad, les centaines de milliers de morts et de disparus, la torture et l’horreur des camps… la Ligue Arabe, frappée d’amnésie, lui déroule le tapis rouge

Damas -Le président syrien Bachar al-Assad -Photo LOUAI BESHARA / AFP

Deux jours après la décision de la Ligue arabe de réintégrer la Syrie au sein de la Ligue arabe, l’Arabie saoudite, qui faisait partie des pays les plus farouches opposants au régime d’Assad, annonce la réouverture de son ambassade à Damas. L’argument mis en avant pour justifier la réintégration de ce pays est de mettre un terme à ce conflit qui dure depuis douze ans et qui affecte les pays voisins.

L’accord, dans la ligne avec la résolution 2254 du CS/ONU, repose sur un plan proposé par la Jordanie. Il prévoit une solution politique avec la rédaction d’une nouvelle constitution, l’organisation d’élections sous supervision de l’ONU, la libération de prisonniers et le règlement du sort des disparus. Sur le papier on ne peut que saluer ce qui ressemble à une avancée, mais c’est méconnaitre la nature du régime, qualifié d’état de barbarie, qui a toujours refusé la moindre négociation.

Autre préoccupation des pays de la région, le trafic de drogue – le captagon – 1ère ressource du régime sous la coupe de Maher Al Assas, frère de Bachar, à la tête de la 4e brigade. Grâce à ces revenus, il paie ses soldats, mais également des miliciens qui font régner la terreur sur la population. Riyad est particulièrement concerné par ce trafic qui inonde le royaume, la 2e destination étant l’Europe.

La seule question qui vaille est de savoir si le régime d’Assad remplira les conditions posées. LA réponse est évidemment non. Rappelons-nous l’interview à l’AFP en 2017 où, interrogé sur l’utilisation d’armes chimiques, il répondait, contre toute évidence et avec un petit sourire, que son pays n’en possédait pas, allant jusqu’à parler de fake new.

La normalisation en cours de ce pays est l’aboutissement de la contre-révolution menée par les pays opposés à toute ouverture et se fait sur le dos de la population qui se bat depuis plus de douze ans. Un deal qui fait fi… des centaines de milliers de morts et de disparus, des camps de concentration et de la torture généralisée. La barbarie.

L’impunité dont Assad bénéficie révolte ceux qui se battent contre ce régime. Seuls les procès en cours en Europe contre des responsables de la répression maintiennent une petite flamme d’espoir sur une justice à venir.

Agnès Levallois

Editorialiste Etranger - Vice-présidente de l'IREMO