Tenue unique à l’école : inanité de la gauche
Depuis que cette proposition est sur la table, avec une expérimentation à la clé, le camp progressiste répond avec des arguments d’une pauvreté inquiétante.
L’uniforme à l’école ? « Vade retro, Macronas ! » Voici, en trois mots, la position de la gauche face à la mesure proposée par le gouvernement. Un peu court tout de même…
Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation, a annoncé hier que la « tenue unique » (c’est-à-dire l’uniforme) sera expérimentée dans 87 établissements volontaires. Sans grande surprise, la gauche daube sur cette mesure qui lui paraît ressortir d’une idée de l’école désuète et mythique, brandie au nom du « c’était mieux avant » (à vrai dire, en fait d’uniforme, il s’agissait d’une simple blouse portée par-dessus les vêtements). Son argumentation se ramène à une seule considération : cela ne changera pas le fond du problème scolaire, qui découle de bien d’autres facteurs.
Mais comme l’instauration de la tenue unique ne prétend en rien régler « le fond du problème », le procès s’avère d’une grande pauvreté. La mesure est symbolique. La question n’est donc pas de savoir si elle bouleversera ou non le système scolaire, puisqu’elle ne le prétend pas. Elle est de décider si le symbole est positif ou négatif. Et sur ce point, le seul en cause, la gauche est muette.
Pour ses promoteurs, l’uniforme a le double avantage de refuser la distinction trop voyante des élèves selon le prix de leur tenue et de régler ipso facto la question des signes religieux ostensibles à l’école. Il s’attaque ainsi au consumérisme et à l’islamisme. Plutôt que de lui inspirer un confortable et méprisant haussement d’épaules, voilà qui devait faire réfléchir une gauche égalitaire et laïque.
Discipline
Il renvoie aussi à une certaine idée de la discipline. On peut la trouver archaïque. Mais il faut, dans ce cas, se reporter à l’un des éléments de la dernière évaluation Pisa, largement passé inaperçu. Selon cette enquête, rendue publique mardi 5 décembre dernier, un élève français de 15 ans sur deux déclare qu’il y a du bruit et du désordre dans la plupart des cours de mathématiques, cette matière faisant l’objet d’un focus particulier cette année-là. Et s’il y a du bruit dans les classes de mathématiques, objet de l’étude, il y a fort à parier qu’il en va de même dans d’autres disciplines. Or chacun sait que la tranquillité scolaire est l’une des conditions élémentaires d’un bon apprentissage.
Si tant de familles, qui ne sont pas toutes bourgeoises, choisissent le privé, c’est aussi parce qu’elles estiment, à tort ou à raison, que les établissements publics, justement, ne sont pas assez tranquilles. Dans ces conditions, le retour à une discipline minimale, dont le port de l’uniforme est aussi le symbole, est-il si absurde ? Notamment pour faciliter le travail des enfants des classes populaires, qui ont moins de facilités pour effectuer leur travail à la maison…
Le port de l’uniforme à l’école est majoritaire dans le monde ; dans les pays où il n’existe pas, européens et américains pour l’essentiel, les gouvernements se posent la question, comme en Allemagne ou aux États-Unis. En Grande-Bretagne, on sait qu’il est de règle dans 80 % des établissements, publics ou privés, et que personne ou presque ne songe à l’abandonner. L’uniforme est aussi la marque d’un « patriotisme d’établissement », avec un écusson distinctif selon les écoles. Est-ce une si mauvaise idée que d’essayer de créer chez les élèves un esprit de fierté envers l’institution scolaire ?
Voilà quelques-unes des questions auxquelles une gauche responsable devrait répondre, plutôt que de balayer l’idée d’un revers de main. Détail intéressant : un sondage Yougov montre que 68 % des Français y sont favorables et seulement 27 % hostiles. En ignorant ces faits patents, la gauche risque surtout de montrer qu’elle n’a pas compris grand-chose à la demande de respect et de règles collectives qui émane d’une large majorité de Français, qui ne sont pas tous réactionnaires…