Terrorisme : la faute de Mélenchon
Seule voix discordante dans la classe politique française qui condamne l’attaque terroriste du Hamas contre Israël, le leader de la France Insoumise entre en contradiction radicale avec ses alliés de la Nupes
« Vous me dégoûtez ! » Cette insulte proférée par le député socialiste Jérôme Guedj à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon et des responsables de LFI qu’il qualifie d’« idiots utiles des terroristes du Hamas qui les exonèrent en relativisant, au nom de l’impasse politique du conflit israélo-palestinien » en dit long sur le climat de tension que provoquent au sein de la Nupes leurs divergences fondamentales sur l’attaque du Hamas contre Israël.
Le groupe LFI renvoie Israël et le Hamas dos à dos, en déplorant certes les morts israéliens et palestiniens, mais en appelant « tous les partis à négocier et Israël à cesser la colonisation des territoires palestiniens ».
Mélenchon exonère le Hamas de toute responsabilité
Louis Boyard, député LFI, insiste « depuis trop longtemps, la France ferme les yeux sur la colonisation et les exactions en Palestine ». Et Jean-Luc Mélenchon proclame « la violence déchaînée contre Israël et à Gaza ne prouve qu’une chose : la violence ne produit et ne reproduit qu’elle-même », sa façon à lui d’exonérer le Hamas de toute responsabilité.
Le leader communiste Fabien Roussel n’est pas en reste, avec sa « condamnation sans réserve de l’attaque du Hamas qui s’en prend directement à des civils israéliens ». Même l’étoile montante de la France Insoumise, François Ruffin, ose… contredire son chef en exprimant une « condamnation totale ».
Quel obscur instinct de provocation pousse-t-il ainsi Jean-Luc Mélenchon et ses affidés à choquer l’opinion publique française qui porte encore en elle les stigmates des attentats terroristes de 2015 en France ? Certes, les partis de la Nupes ont l’habitude d’adopter des positions divergentes. Comme lorsque certains ont trouvé des justifications à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
La France Insoumise franchit ici la ligne rouge du respect de l’État de droit
Mais, cette fois, le choc provoqué par l’irruption sur le sol israélien des soldats du Hamas pour tuer et enlever des civils, hommes ou femmes, y compris les plus vulnérables d’entre eux, personnes âgées et nouveau-nés, est d’une tout autre nature. En raison de l’ampleur inédite de l’attaque, 700 morts et plus de 2 000 blessés, des dizaines voire des centaines d’otages capturés parfois à l’intérieur même de leur maison, l’attaque en provenance de la bande de Gaza justifie une réprobation générale.
On peut critiquer les dérives droitières de Benyamin Netanyahou et combattre la politique de colonisation d’Israël sans pour autant accepter la loi du terrorisme. La France Insoumise, sans doute à des fins électoralistes, franchit ici la ligne rouge du respect de l’État de droit et des règles du combat. Ses alliés, eux, n’acceptent pas de s’en exonérer. Et, cette fois, la rupture pourrait être définitive.
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