TNT : la bouffonnerie parlementaire
La commission d’enquête de l’Assemblée sur les chaînes d’info devait éclaircir un fonctionnement contesté. Elle s’est changée en pantalonnade hanounesque.
Drôle de président, drôle de rapporteur, drôle de commission… Au départ, l’idée d’enquêter dans un cadre parlementaire sur le fonctionnement des chaînes de la TNT n’était pas forcément mauvaise. Le pluralisme de l’info est une question importante et celle de savoir si la loi de 1986 fixant les obligations desdites chaînes est respectée, tout autant. Seulement voilà : ce genre d’exercice devrait être confié à des gens un tant soit peu sérieux. Faute de l’avoir fait, on débouche sur un fiasco retentissant.
Ses ingrédients ; un président macronien, Bataillon – un inconnu – à la fois léger et suffisant, et un rapporteur LFI partisan et agressif, qui pose si mal ses questions que les responsables de médias ont eu automatiquement le beau rôle, tel Vincent Bolloré, qui a chassé les critiques tel un fonctionnaire colonial dispersant les moustiques d’un geste désinvolte. Et, pour couronner l’affaire, le même président qui vient en fin de parcours cueillir son quart d’heure de célébrité dans une émission condamnée de multiples fois pour non-respect de ses obligations – dite TPMP -, en cassant du sucre sur un animateur concurrent, Yann Barthès. À tel point que le dénommé Bataillon a dû s’excuser, tout en proclamant, bravache, qu’il recommencerait la même performance là où on lui tendrait le micro.
C’est ainsi qu’une question démocratique cruciale – comment fonctionnent les médias dans notre démocratie ? – se termine en bouffonnerie cathodique sans queue ni tête. Il y avait à coup sûr mieux à faire. Par exemple montrer en quoi les chaînes Bolloré contournent sans cesse la loi en respectant sa lettre mais en piétinant son esprit ; prouver que Cyril Hanouna, quoique populaire, se moque du peuple comme de sa première provocation télévisuelle, jouant à fond le simple rapport de forces des audimats pour ignorer les justes condamnations qui sanctionnent son mépris des règles ; ou encore vérifier que le service public observe lui aussi les règles du pluralisme.
Cette pantalonnade ne sert pas la réputation de l’Assemblée, ni celle des commissions d’enquête parlementaires, dont le rôle devrait consister à redresser les torts de la vie démocratique, et non de servir de faire-valoir aux pitres du cynisme télévisuel.