Tondelier, Armanet : les polémiques boomerang
Les Verts aiment le rappeur Médine, Juliette Armanet déteste Sardou. Dans les deux cas, la gauche se ridiculise
Deux polémiques de veille du 15 août, deux polémiques dérisoires, comme souvent, et qui n’ont pas grand-chose à voir entre elles, sinon par un point commun : à chaque fois, c’est la gauche qui perd.
Les écologistes en université d’été invitent le rappeur Médine à débattre avec eux. Ce jeune homme a déjà un CV un peu chargé : adepte des quenelles à la Dieudonné il y a quelque temps, bouffeur de laïques comme d’autres sont bouffeurs de curés, flirtant parfois avec l’antisémitisme, proche un moment d’une association estampillée Frères Musulmans… En un mot, il y avait des objections.
Procès excessif, répond Marine Tondelier, cheffe des Verts. Le rappeur a fait amende honorable, il évolue dans le bon sens, il a montré sa fermeté contre l’extrême-droite, etc. Du coup on hésite à condamner : à tout pécheur miséricorde, Médine a trouvé son chemin de Damas, la rédemption est possible, pourquoi ne pas débattre avec lui ? Las ! Asticoté par Rachel Khan, juriste et écrivaine antiraciste non décoloniale, le rappeur se fend d’un tweet louche où le nom de Khan est utilisé dans un jeu de mots hautement douteux s’agissant d’une femme à l’ascendance juive : « resKHANpée ».
Plutôt que d’écarter l’intéressé en lui proposant un cours du soir sur l’antisémitisme, les Verts maintiennent leur invitation, prêtant évidemment le flanc à toutes la attaques contre leur multiculturalisme relâché, leur électoralisme auprès des jeunes des cités ou leur pratique du « deux poids deux mesures », eux qui dénoncent à cor et à cris le « racisme systémique » qui affligerait la société française. Si bien que leur université d’été, plutôt que de rappeler l’urgence climatique ou la nécessaire sauvegarde de la biodiversité, accrédite l’idée qu’une partie de la gauche, pour séduire les cités, n’est pas nette dans son rapport à l’antisémitisme. Une franche réussite…
Autre polémique du week-end, tout aussi absurde : Juliette Armanet chanteuse talentueuse et progressiste, n’aime pas Michel Sardou et encore moins son tube Les Lacs du Connemara. Pourquoi pas ? Avait-elle besoin de le qualifier « d’immonde » et « de droite » ?
Sardou a usé d’une mélodie populaire au style gaëlique pour évoquer un mariage en Irlande, ce qui a tout de même un lointain rapport avec les thèses de la droite française, et le seul message politique de la chanson se borne à prêcher la paix entre les Irlandais, ce qui ne mange pas de pain. Sommaire et maladroite, la chanteuse se fait même reprendre par le Figaro, qui lui rappelle que Sardou a effectivement des chansons de droite à son répertoire, mais pas celle-là. Juliette Armanet voudrait fait accroire que la gauche méprise la culture populaire et applique à la chanson de variété des critères politiques sectaires, qu’elle ne s’y prendrait pas autrement.
On reproche parfois à la gauche de se placer avec trop d’ostentation du côté de l’intelligence et de la culture. Ce week-end, elle s’est rattrapée.