Tout part à Vallaud ?
Tandis que le bureau national du PS vient de voter à l’unanimité, la censure, derrière Olivier Faure, offrant le premier rôle à LFI et au RN, les conciliabules commencent en vue d’un hypothétique congrès envisagé au printemps.
La famille socialiste tranche rarement les questions de fonds, même lorsqu’elle a manifestement fait fausse route. Tout juste consent-elle à opérer un recentrage – sans en assumer toutes les conséquences et sans forcément le crier sur les toits.
La social-démocratie a ceci de particulier aujourd’hui qu’elle est pour partie hors les murs, avec Place Publique ou la Convention de Bernard Cazeneuve, mais que son épicentre demeure malgré tout la vieille maison, affaiblie par une direction en perte d’identité, qui agit au jour le jour.
Aussi, à l’approche d’un éventuel congrès, la synthèse avant l’heure éviterait la reconduite de Faure au poste de premier secrétaire, histoire de ne pas proroger une cohabitation devenue cacophonique entre soumis et insoumis aux Insoumis.
Dans cette configuration, Boris Vallaud, chef du groupe parlementaire PS à l’assemblée, a quelques atouts. Puisque les opposants internes à la ligne Faure loupent les occasions les unes après les autres, d’anciens partisans du 1er secrétaire prennent un peu d’autonomie, sans rompre définitivement les amarres. Ainsi vont les subtilités internes dans une maison où il s’agit d’avoir raison ni trop tôt, ni trop tard, en évitant les mots qui fâchent.
À ce jeu, le député des Landes s’est aguerri. Élu d’un département, longtemps tenu par une figure historique de l’aile gauche en la personne d’Henri Emmanuelli, compagnon d’une ancienne ministre de l’éducation du gouvernement Hollande, capable d’être affable à La Réole en compagnie de Raphael Glucksmann, sans assumer la moindre rupture au sein du NFP corseté par Mélenchon, voilà qui dessine une synthèse avant l’heure.
Peu importe qu’elle ne permette pas la clarification attendue par une large majorité de sympathisants de gauche ou qu’elle ne dessine en rien une alternative postérieure à une censure plus que probable. Elle sauverait une fois encore l’unité lézardée de façade d’un parti qui pense aussi à ses moyens d’existence, son groupe parlementaire et son devenir après le traumatisme de l’élection présidentielle de 2022. De ce point de vue, il y a une cohérence incontestable et une convergence d’intérêts boutiquiers avec les Verts de Mme Tondelier. Le leader maximo ne le sait que trop.
Ce week-end Boris Vallaud, interrogé, tentait une timide initiative en termes de proposition et d’autonomisation, avec une adresse possible aux autres groupes parlementaires pour chercher les moyens de gouverner et d’éviter un jeu politique périlleux polarisé par les populistes. Mélenchon réagissait promptement pour dénoncer la figure possible du traître.
Mais ces initiatives ponctuelles peinent à trouver le moindre prolongement, d’autant qu’elles sont percutées dès le lendemain par un alignement sur l’orientation de l’actuelle majorité socialiste, consistant à poursuivre les noces avec l’homme le plus impopulaire de France.
D’autres sont pressentis comme Philippe Brun, incarnant un renouveau générationnel non négligeable. Mais dans ce capharnaüm sur fond de crise de régime, les socialistes, en bons légitimistes, chercheront probablement une figure rassurante et installée, capable de les sortir de l’ornière, sans insulter l’avenir.
À la recherche d’un consensus improbable au fur et à mesure que la crise devient aiguë et polyforme, les sempiternels appels à l’unité comme substitut à la réflexion politique trouveront bien preneur. Dans ce contexte, le premier des socialistes à l’Assemblée, pourra-t-il prétendre à la couronne en faisant l’économie de choix politiques clivants ? Au PS, rien n’est impossible.