Trump : le retour

par Malik Henni |  publié le 08/11/2024

L’élection de Donald Trump n’en a pas fini de faire couler de l’encre dans le monde entier. Aperçu des prises de positions des journaux européens.

Revue de presse après l'élection de Donald Trump (Photo de Henry Nicholls / AFP)

Le quotidien proche du pouvoir turc Hürriyet s’interroge sur la défaite de Kamala Harris et ne tarde pas à trouver une réponse : « il est apparu clairement qu’une candidate incapable de communiquer avec les électeurs et sujette à des gaffes ne serait pas élue ». La candidate a refusé toute interview pendant les trois premières semaines de sa campagne, elle a pris des positions différentes en fonction du public de ses meetings et ne s’est pas rendue à l’émission de podcast de Joe Rogan. Si cela peut paraître anecdotique de ce côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis, la popularité de cet animateur le rend incontournable. Le journal rappelle que, sur le fond, le compte n’y était pas : même l’ancien conseiller d’Obama, David Axelrod, a estimé que pendant le débat, elle « tournait en rond ».

En Espagne, El Pais analyse en profondeur la matrice idéologique de Trump et constate sans ambages : « c’est la consécration de la Contre-Réforme ». Son élection est le retour de bâton d’une frange de l’Amérique qui trouve que le droit des minorités et des femmes, tout comme la lutte contre le réchauffement climatique sont allés trop loin. Avec, en tête de gondole, les milliardaires de la Silicon Valley. Le pouvoir trumpiste concentre les élites économiques, technologiques et politiques : « la menace potentielle à l’échelle mondiale de la puissance d’une partie de la Silicon Valley a trouvé en Trump l’allié idéal pour continuer à pressurer ses grandes inventions sans limites et sans crainte de réglementations efficaces, ni fiscales, ni de droits ».

Le quotidien d’affaires tchèque Hospodarske noviny constate qu’un homme a permis cette victoire : le milliardaire Elon Musk, propriétaire de X (ex-Twitter). Le nouveau président ne devrait pas se montrer trop ingrat : « Musk doit devenir chef d’une commission pour l’efficacité du gouvernement. Il ne s’agira pas d’un cercle de discussion édenté, mais d’une scie circulaire qui, sous la baguette du milliardaire, sciera les structures fédérales jusqu’à l’os. »

Rzeczpospolita, journal polonais de référence, estime que contrairement à 2016, Trump va cette fois nommer « des loyalistes » aux postes-clefs de l’administration : « Beaucoup de plans de Trump sont radicaux. Leur mise en œuvre est d’autant plus probable que les républicains ont repris le contrôle du Sénat et sont sur le point de le maintenir à la Chambre des représentants. »

En Europe, l’enjeu est de demeurer uni face à un homme qui a désigné l’UE comme un rival commercial. Mais est-ce seulement envisageable ? Car chacun tente déjà de tirer la couverture à soi.

The Jakarta Post met en exergue les difficultés qu’un retour des droits de douane pourrait occasionner pour le géant indonésien. « Le Président Subianto a un objectif de croissance de 8% par an, et Trump pourrait bien faire s’éloigner cet objectif ambitieux ».

La Repubblica note, amer, que le président italien et la Présidente du Conseil se sont précipités pour féliciter le milliardaire au nom de « l’alliance indéfectible » entre les deux Etats.

Le Magyar Nemzet, quotidien hongrois, se gargarise : « Presque tout le monde en Amérique connaît maintenant Viktor Orban » grâce aux hommages rendus par Donald Trump pendant sa campagne.

Enfin, un éditorialiste du journal portugais Publico n’y va pas par quatre chemins : « le nouveau mandat de Trump n’est pas seulement un défi pour le projet européen ; c’est un ultimatum. »

Malik Henni