Tu ne te vaccineras pas ma fille !
La vaccination des élèves de cinquième contre le papillomavirus débute. Des établissements privés catholiques renâclent
Le papillomavirus humain (VPH) est un virus à ADN. Les plus dangereuses des infections qu’il provoque peuvent occasionner des verrues génitales. Le mal est persistant et peut réapparaitre tout au long d’une vie. Sexuellement transmissible, il peut évoluer en cancer. En France, 6 000 cas de nouveaux cancers par an (dont un tiers chez les hommes) sont dus au VPH. Seule la vaccination permet d’éradiquer l’infection. Le préservatif est inopérant.
Les pouvoirs publics ont donc décidé que le vaccin serait désormais accessible à tous les élèves de cinquième entre 11 et 14 ans. Gratuite, son injection n’est pas obligatoire et réclame l’autorisation des parents.
Les collèges publics la proposent, mais pas ceux du privé. Le ministère de l’Éducation nationale a noté qu’aucun établissement privé sous contrat ne l’offre à ses élèves.
Leur réticence tient à plusieurs facteurs. D’abord, les collèges religieux n’ont jamais éprouvé le moindre engouement pour parler de sexualité à leurs élèves. Leurs dirigeants affirment : « Ce n’est pas le rôle de l’école de proposer cette vaccination… Revenons à nos fondamentaux : la transmission des connaissances et des savoirs. On nous demande toujours plus, cette fois, c’est non ! Considérons ça comme un ras-le-bol. Éventuellement, nous informerons les familles. »
Autres raisons invoquées, les moyens. Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique, explique : « Il faut rappeler que chez nous, il n’y a pas d’infirmière ni de médecin scolaire. Il y a déjà des difficultés matérielles… Le métier de chef d’établissement n’est pas de diriger un centre de vaccination . »
Derrière ce qui apparait souvent comme des faux-fuyants se cachent des pressions ou des menaces de groupes souvent extrémistes. Des mouvements catholiques intégristes assiègent régulièrement certains établissements pour mettre en garde les élèves contre l’avortement. Les groupes « antivax » pullulent depuis la crise du Covid. Sans compter, un fond de pudibonderie religieuse qui veut protéger les enfants des dangers de la sexualité et préfère les laisser dans une ignorance dangereuse plutôt que de les éduquer, donc de les informer.
Pas dupe, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a lancé, sarcastique : « Je vais vous donner un scoop : on injecte un vaccin, on n’injecte pas le démon. »
Curieux enseignement privé dont l’esprit de charité ne va pas jusqu’à vouloir protéger ses élèves d’un virus redoutable.