Turquie : la volte-face de Kemal Kiliçdaroglu
Oublié le Gandhi turc! En mauvaise posture pour le second tour, le rival d’Erdogan s’en prend désormais aux réfugiés syriens. Histoire de courtiser les électeurs ultra-nationalistes
Il a remplacé dans ses meetings ses doigts en forme de cœur par un poing levé. Pour tenter de rattraper son retard sur son rival Erdogan en vue du deuxième tour de la présidentielle le 28 mai, Kemal Kiliçdaroglu semble s’être mué d’un Gandhi Turc en une sombre copie… d’Erdogan, son rival.
Défendant un nationalisme farouche jusqu’à flirter avec l’extrême-droite, il promet de chasser de Turquie une bonne partie des 10 millions de réfugiés qui, selon lui, l’auraient envahie. Et tend à se démarquer de la minorité kurde qu’il disait vouloir protéger.
Son calcul est avant tout électoral : il cherche à s’attirer les faveurs de Sinan Ogan, l’imprévisible leader du MHD, le parti nationaliste turc qui a décroché 5 % des voix au premier tour de la présidentielle et détient l’issue du scrutin final.
Peut-il réussir à rassembler ainsi sous la bannière du nationalisme tous les opposants à Erdogan, président depuis 20 ans ? Pour Kemal Kiliçdaroglu, désormais, la fin justifie les moyens.
Sauf qu’en renonçant au cœur pour chercher à tout prix la victoire, il risque fort de perdre les deux…