Un pape de droite ou de gauche ?

par Marcelle Padovani |  publié le 11/10/2024

Certains le soutiennent et d’autres l’attaquent. Le pape François incarne un clivage représentatif des clivages de l’Église d’aujourd’hui.

Le pape François dirige la veillée de prière œcuménique le 11 octobre 2024 au Vatican. (Photo par Alberto PIZZOLI / AFP)

Ceux qui défendent le pape François, 88 ans, en charge depuis 2013, applaudissent : il vient de faire grimper le nombre des cardinaux électeurs au prochain conclave, lesquels passeront de 120 à 140 (plus un cardinal non-votant). Cela permettra au chef de l’Église de contrôler personnellement 80% de l’électorat ecclésial.

Les élus européens ne lui ont pas toujours été très favorables. Aujourd’hui, leur représentation dégringole de 50% à 39%. Les élus Asiatiques, quant à eux, grimpent de 8 à 16%, les nord-américains représentant 10% et les latino-américains 17%. Le pape François veut ainsi s’assurer que son héritage soit immuable. Et il rêve, dit-on, d’un pape africain ou asiatique, qui secouerait les mentalités.

Ceux qui aiment le pape régnant se réjouissent aussi de son style médiatique moderne, anticonformiste, voire révolutionnaire (il a ainsi participé en direct à des émissions télé en Italie), de son activisme (ses voyages en Septembre en Asie, en Océanie, puis en Belgique et au Luxembourg en témoignent) et de ses contacts très détendus avec le public et avec les journalistes (lesquels racontent avec jubilation les inoubliables sorties du Pontife quand ils l’accompagnent dans l’avion).

Les fans n’oublient pas non plus certains points libéraux de sa politique, spécialement sur le thème de l’homosexualité. Ou encore ses encouragements répétés aux jeunes de tous les pays et aux migrants. Ses nombreuses invitations à « faire la paix » sont saluées.

Qu’en est-il alors de ses détracteurs ? La liste de leurs désaccords est fournie. Au-delà des critiques sur le « style », ils contestent d’entrée de jeu, comme l’écrit le journal Il Foglio, « le choix bergoglien de privilégier exclusivement les hommes de Dieu exotiques » et les « interprètes fidèles de son programme ». C’est-à-dire des hommes « physiquement distants et du Pontife et de la Curie romaine, donc moins en état de conseiller l’un et l’autre ».

Les « anti Bergoglio » insistent aussi sur son « Non aux femmes-prêtres » d’octobre 2023 accompagné de sa prise de distance à la même date sur le célibat des prêtres : « Ce célibat pourrait devenir une option, un choix personnel, non plus obligatoire, mais ce n’est pas moi qui dirai oui ».
Le 266ème Pontife a soutenu que « L’Église est femme », en offrant quelques responsabilités vaticanesques à des représentantes du sexe féminin, déclarant que « machisme et féminisme sont des logiques de marché ».

Finalement, il a attaqué violemment, il y a quelques semaines, toutes les lois qui autorisent l’avortement. Voilà aussi pourquoi les anti François ont mis le Pontife dans leur ligne de mire.

Pour conclure, une chose est sûre : il serait erroné de voir dans les pro Bergoglio des cathos progressistes militants et dans les antis Bergoglio des fans traditionnalistes.

Marcelle Padovani

Correspondante à Rome