Une leçon d’humanité
Par Olivier Taconet.
Je ne crois pas en Dieu, mais je crois au Pape depuis la semaine dernière. Je ne suis pas le seul
À coup sûr, le Pape est venu à Marseille nous donner une leçon d’humanité qui se trouve totalement inscrite dans l’évangile et selon le principe fondamental que rien de ce qui est humain ne lui est étranger.
La droite sous influence de l’extrême-droite et l’extrême-droite elle-même ont bien sûr été les premières touchées et ont reproché au pape de faire de la politique. Sans doute parce que l’immigration, le problème des réfugiés constitue la principale source d’enrichissement du parti de la peur et du repli sur soi.C’est ridicule. Le pape n’a pas fait de politique, et c’est là l’essentiel de ce qu’il faut retenir de son voyage à Marseille.
Il a ainsi rappelé que lorsqu’une personne se noie, on va à son secours. On ne lui demande ni d’où elle vient ni où elle va. La politique, c’est ce qui se passe avant et ce qui se passe après.
Ce qui se passe avant, c’est l’échec de l’universalité, conséquence d’un développement économique qui s’est traduit par le pillage des richesses et l’exploitation des populations. C’est sur ce domaine que la politique doit agir. Pas en encourageant le monde riche à pousser les victimes à se noyer.
Ce qui se passe après, c’est la façon dont on doit accueillir les réfugiés, les prendre en charge, leur donner les moyens de survie, de vie, et d’épanouissement. Voilà le domaine de la politique et en venant à Marseille, le pape a rappelé la mission du politique, qui n’est pas la sienne.
En piétinant le protocole, le Pape a démontré qu’il était précisément au-delà des conventions politiques et diplomatiques. C’est une leçon qui a obligé le chef d’État à courir à ses trousses pour obtenir une reconnaissance paradoxale au moment même où s’éteignaient les fastes de la visite du Roi d’Angleterre.
Ainsi, le Pape s’est comporté en citoyen du monde exemplaire au moment même où toute une partie du monde est exclue de la citoyenneté.
Paradoxe pour ceux qui à droite veulent ancrer dans des textes le fait que notre civilisation aurait des racines chrétiennes. Hélas pour elle, le héros de la chrétienté est venu lui rappeler que le christianisme est une universalité avant d’être une identité et que ceux qui veulent affirmer des racines chrétiennes feraient bien de lire ou relire l’évangile.
En choisissant Marseille, et pas l’État français, le chef de l’Église catholique montre que c’est la Méditerranée qui est le cœur de notre civilisation et que celle-ci a transmis tous les messages de foi, judéo-chrétiens sans doute, mais aussi grecs, romains, égyptiens, celtes, sans parler des animismes venus d’Afrique ou d’Asie.
La gauche aurait tort toutefois de se sentir à l’abri du message. Sous l’influence des montées de la xénophobie et du repli sur soi, la gauche n’a pas été à la hauteur de sa mission. Elle peut à bon droit ricaner devant les apparats protocolaires du catholicisme. Elle aurait tort, sous ce prétexte de ne pas entendre le message, et de se défausser de ses responsabilités.
Olivier Taconet