Une pétition contre la station « Serge Gainsbourg », faut arrêter !

par Sandrine Treiner |  publié le 17/12/2023

Un métro aux Lilas, le nom de Gainsbourg, une nouvelle pétition…jusqu’où ?   

Trente-deux ans après la mort de Serge Gainsbourg, un visiteur écrit sur une affiche sur le mur devant la "Maison Gainsbourg", la maison du chanteur, compositeur et acteur français , le jour de son ouverture au public à Paris le 20 septembre 2023 - Photo Dimitar DILKOFF / AFP

Au premier semestre 2024 ouvrira l’extension de la ligne 11 du métro parisien. Six stations nouvelles vers l’Est francilien permettant de relier « Mairie des Lilas » à « Rosny-Bois-Perrier ». La première station, au cœur des Lilas, a été nommée Serge Gainsbourg. C’est contre cette décision qu’a été initiée, sur Change.org, une pétition demandant le changement de patronyme de l’arrêt. En cause : « les violences contre les femmes et les tendances pédocriminelles, voire incestueuses, de Serge Gainsbourg ». À l’heure qu’il est, elle a recueilli environ 13 000 signatures.

La protestation, véhémente, s’appuie sur les mémoires de Jane Birkin, les textes de certaines chansons ( Lemon Incest , Love on the beat, Charlotte forever ) , des propos déplacés sous l’emprise de l’alcool à la radio, l’allusion à des liaisons avec des femmes très jeunes, dont des mineures. Serge Gainsbourg a été un immense artiste. C’est pour sa poésie qu’il entre dans le métro. Et elle seule, du reste, que le public connait.

Écrire que l’inscription de son nom dans l’espace public envoie l’idée « qu’il est acceptable, voire encouragé, d’être violent envers les femmes, les enfants si on le fait au nom de l’art et qu’on est un homme » est a minima réducteur, et évidemment outrancier. La lutte contre les violences, le sexisme et l’inceste imposent bien d’autres priorités. Il faut savoir choisir ses combats.

Sandrine Treiner

Editorialiste culture