Une résistante nommée Lolita
Tous ceux qui questionnent la laïcité, tous ceux qui se font encore des illusions sur le traitement des femmes en pays d’islam radical doivent aller voir le film d’Eran Riklis : Lire Lolita à Téhéran. Un film très politique, issu d’une histoire vraie.

La lumineuse Golshifteh Farahani incarne une jeune professeure de littérature qui revient enseigner en Iran au moment de la Révolution de 1979. Et qui découvre l’obscurantisme théocratique des mollahs et le traitement moyenâgeux qu’ils font subir aux femmes .
Quittant l’université pour avoir refusé de porter le voile, elle essaie de poursuivre son enseignement de façon clandestine, entourée de quelques étudiantes avides de liberté et de culture.
Leur courage et leur humanité devraient faire honte à ceux qui ici encore osent défendre le port du voile dans les lieux publics en refusant d’y voir le symbole d’une domination masculine archaïque. Le film démontre, s’il en était besoin, la puissance de la littérature dans toute résistance à l’oppression. La seule arme des êtres désarmés. Un message plus actuel que jamais dans un monde ou la laïcité est menacée et ou des forces illibérales resurgissent pour tenter les esprits faibles.
J’ai lu une critique chichiteuse (Télérama du 25 mars ) qui dit avoir trouvé le film un peu « convenu ». À croire qu’on peut être payé pour aller au cinéma sans avoir la moindre sensibilité, artistique ou politique. Passons…
Après des années de lutte souterraine la belle enseignante finira par quitter le pays en secret grâce à un réseau de passeurs. Mais avec la nostalgie au cœur et le cri d’amour qui parlera à tous les exilés: « tu peux quitter l’Iran… mais l’Iran ne te quittera pas ».