Une trajectoire à + 3,1° C

par Boris Enet |  publié le 26/10/2024

Le dernier rapport du programme des Nations-Unies pour l’environnement est accablant. Sans prise de conscience et volonté pratique, nous nous dirigeons vers un réchauffement à plus de 3 degrés. C’est aussi l’enjeu du scrutin du 5 novembre prochain.

Donald Trump à Traverse City (Michigan) le 25 octobre 2024. (Photo de Jim Watson / AFP)

L’installation de régimes illibéraux, du sous-continent américain à la vieille Europe, du Nord de l’Afrique à l’Asie méridionale braque les projecteurs sur le péril guerrier et la mondialisation des conflits. Les récents développements en Ukraine indiquent le saut qualitatif franchi par l’axe des dictatures : Pyongyang avec l’aval de Pékin, Moscou, Téhéran sont donc au coude à coude sur le front ukrainien, unis dans une même haine de l’Occident et de ses valeurs.

Malheureusement, le front des démocraties peine à présenter un visage aussi uni, miné par ses divisions internes et une quête de sens sur la nature de ce qu’il doit affronter. On oublie pourtant que le nationalisme génère un autre poison mortel pour le genre humain, pratiquant le révisionnisme scientifique et climatique. Or, à ce stade, les engagements des États membres pris à Paris n’ont jamais été tenus et la situation empire de mois en mois.

Dès lors, la COP 29 à Bakou, six jours après les élections américaines, peut se transformer en un nouveau fiasco retentissant. L’engagement initial consistait à limiter le réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle de deux degrés et de tendre vers un et demi. Nous en sommes loin… L’an dernier, selon la directrice du PNUE, les émissions de CO2 progressaient de 1,3% à un rythme accéléré par rapport à la décennie précédente.

Comment conjurer la catastrophe et penser les stratégies nationales de réduction des émissions d’ici 2030 en cas de victoire de Trump ? Non seulement, le plus important pollueur du monde accentuerait la dynamique à l’œuvre, mais il servirait d’encouragement et de caisse de résonnance à tous ses semblables, convaincus d’un énième complot contre leur mode de vie, leur consumérisme crasse et par nature inaliénable, à l’écart de tout compromis multilatéral.

Dans ce domaine, comme dans d’autres, les États freinent. La récente reculade sur les ZFE (Zones à Faibles Émissions) dans les métropoles françaises en atteste, pendant que le parlement européen maintient ses objectifs de division par deux des seuils de pollution, refusant de revenir sur la fin des moteurs thermiques en 2035. L’endettement et la contraction économique arrivent sur un plateau pour servir une fois encore de justification à l’ajournement de mesures drastiques concernant la pollution au CO2. Un coût autrement plus douloureux pour les décennies à venir et les nouvelles générations en cas de statu quo.

Mais le nationalisme et ce qu’il charrie sont une restriction de la pensée qui essaime notamment parmi ces jeunes générations. Or, l’accélération des dégâts écologiques dans les États du Sud est un facteur supplémentaire de déstabilisation régionale et globale, d’accentuation des flux migratoires et du pain béni pour les prophètes populistes du monde entier.

De Le Pen à Trump, de Poutine à Milei ou Orban, la menace est plurielle et parfois dissonante. Elle converge pourtant lorsqu’il s’agit d’être conciliant avec les dictatures, couard et inconséquent quand il s’agit du devenir de l’Humanité.

Boris Enet