Val Fourré: une école pas comme les autres
A Mantes, Bernard Attali a visité une école qui concilie la République et la cité. Il en est revenu impressionné
7h30. Une cité. Au milieu des barres une école modeste et bien tenue. Des murs blancs. Des drapeaux tricolores. Des professeurs jeunes et dévoués. Bien rémunérés. Aucun jargon pédagogique à la mode. Des bénévoles pour encadrer les enfants. Douze à quinze élèves par classe. De la maternelle à la fin du primaire. Une population très mélangée avec une majorité d’origine méditerranéenne. Une laïcité paisible.
Des enfants habillés de la même façon, sans marques publicitaires et sans que ce soit vraiment en uniforme. Des parents très présents. Qui paient des frais de scolarité. Une relation directe et permanente des familles avec les professeurs. Des méthodes du type Montessori. Calcul et dictée dès le plus jeune âge. Un éveil au digital.
À l’arrivée un lever de drapeaux et une Marseillaise chantée par les gamins avec cœur. Avec des sorties, des petites fêtes, des notes et des encouragements liés davantage au comportement qu’au savoir. Donner confiance aux enfants, ici c’est le mot d’ordre. Les élèves sont vouvoyés et vouvoient. Une atmosphère ludique et bienveillante au cœur d’une cité dont ce n’est pas exactement la réputation…
Tout ceci sous le contrôle d’une association financée par quelques généreux sponsors et par les familles, pourtant moyennement aisées. Au niveau national : quelques grands donateurs (fondations d’entreprises, dont la Fondation Bettencourt…) et des fonctions support.
Cette école n’est pas une fiction. Elle existe. Au Val Fourré à Mantes. C’est un des dix-sept établissements du réseau Espérance banlieues. Une expérience plus ou moins bien comprise par l’Éducation nationale … qui ferait pourtant bien de s’en inspirer. Difficile de comprendre, quand on voit ça, l’échec de l’école expérimentale voulue par le Président de la République à Marseille.
Et pourtant, imaginons ce que pourrait accomplir une centaine d’établissements de ce type dans les quartiers difficiles ! Bien sûr je ne suis pas qualifié pour juger du modèle pédagogique. Je note seulement qu’il n’est pas nécessaire d’aller en Finlande pour voir fleurir et réussir ce genre d’expérience. Et pour juger de son efficacité en terme d’intégration républicaine.
Si vous voulez sortir du pessimisme ambiant sur la jeunesse de ce pays allez voir ça, du côté du Val Fourré. Vous en repartirez avec le moral et le sourire.